Le PS perd-t-il ses jeunes ?

Le 2 février 2010

« Je dirais à un jeune de vingt ans qui voudrait s’engager : Vas-y, ça vaut le coup ». On peut lire cette phrase au dos du nouveau livre de Lionel Jospin*. Mais difficile aujourd’hui pour un jeune de se lancer dans l’aventure rose tant les discordances au sein du parti sont importantes. La « nouvelle » génération des Peillon, Hamon, Valls et Dray est déjà en train de se déchirer et emboîte le pas des éléphants.

« Je dirais à un jeune de vingt ans qui voudrait s’engager : Vas-y, ça vaut le coup ». On peut lire cette phrase au dos du nouveau livre de Lionel Jospin*. Mais difficile aujourd’hui pour un jeune de se lancer dans l’aventure rose tant les discordances au sein du parti sont importantes. La « nouvelle » génération des Peillon, Hamon, Valls et Dray est déjà en train de se déchirer et emboîte le pas des éléphants.

Le Parti Socialiste ne s’est toujours pas relevé du 21 avril 2002. Jospin est le dernier homme charismatique que la gauche ait connu. Sa défaite de 2002 peut être expliquée par plusieurs facteurs, mais il est clair que sa démission a laissé le parti orphelin d’un grand leader. La soif de pouvoir des prétendants a pris le pas sur les fondements idéologiques. Mais ces luttes de pouvoir ne datent pas d’hier et l’ancien premier secrétaire le raconte dans l’interview accordée a Pierre Favier et Patrick Rotman. Même sous les années Mitterrand, querelles et tentatives de mutineries allaient bon train, des conflits inhérents à tous partis. Seulement en laissant un parti déchu et sans leader, n’a-t-il pas fait une erreur en occultant complètement la relève? Lui qui dans son livre se dit s’être beaucoup inspiré de la façon dont le président gérait successivement son parti et ses gouvernements. N’a-t-il pas oublié un aspect politique cher et essentiel aux yeux de Mitterrand : faire perdurer le socialisme à la française ? L’ancien président avait tâché de canaliser les égos et d’arbitrer les divergences au sein de son parti. Ce que Jospin a brillamment reproduit entre 1997 et 2002, mais sa sortie a été bien différente de son illustre prédécesseur, il est vrai dans un contexte peu comparable. Partir ainsi laissant les égos s’entretuer s’est révélé dévastateur pour le parti de la rose.

Une génération a grandi avec un parti socialiste apathique devant la montée en puissance de Nicolas Sarkozy. Une génération qui n’a pas pu voter en 2002, car trop jeune, et qui a donc subi les conséquences de la décision de Lionel Jospin sans en avoir été acteur. Au cours des huit dernières années, elle s’est retrouvée cantonner entre l’anti-sarkozysme et l’inexistence d’opposition, difficile dans ce clivage de s’affirmer socialiste. Un manque de repères qui nuit fortement au PS.
Ce sentiment anti-sarkozyste prédomine clairement sur une réelle idéologie socialiste. La multiplication des mouvements de blocus et de grèves lycéennes et universitaires depuis 2002 avec un Nouveau Parti Anticapitaliste très présent et très apprécié des 18 -25 ans confirme cette tendance. L’anti-sarkozysme pur et dur fait recette, la recherche d’une vraie alternative idéologique et politique au pouvoir en place touche de moins en moins les jeunes de gauche. Convaincre une jeunesse qui n’a jamais connu de Parti socialiste fort sera un défi important mais qui semble aujourd’hui dur à relever pour le PS.

*Lionel raconte Jospin Entretiens avec Pierre Favier et Patrick Rotman aux éditions du Seuil.


> Article initialement publié sur lesaiglesmyopes.owni.fr

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