OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Une lumière crue dans la nuit de la finance http://owni.fr/2011/09/05/une-lumiere-crue-dans-la-nuit-de-la-finance/ http://owni.fr/2011/09/05/une-lumiere-crue-dans-la-nuit-de-la-finance/#comments Mon, 05 Sep 2011 09:43:40 +0000 Ophelia Noor http://owni.fr/?p=71817 Le 17 septembre, les collectifs nés des mouvements sociaux et démocratiques en Espagne, en Grèce, occuperont les bourses de New-York, Madrid, Londres, Tokyo, Athènes et d’autres villes encore. C’est aussi le jour de l’arrivée des marches des indignés à Paris, commencées en Espagne au mois de juillet dernier, avant l’ultime étape bruxelloise le 8 octobre.

C’est dans ce contexte que nous vous faisons découvrir le collectif espagnol d’artistes street-art, Luz Interruptus, qui avait créée littéralement, un envol de 80 doubles pages des sections économiques des grands quotidiens nationaux, illuminées, sur les marches du palais de la Bourse de Madrid en pleine crise financière en 2009: le vent nous amène la crise.

Du recyclage à la surveillance en passant par le nucléaire ou la crise économique, Luz Interruptus se déploie à la tombée de la nuit, allumant ça et là des petites lumières à l’intention de leurs concitoyens en réaction à un thème de société ou à une actualité qui leur tient à coeur.

La police est partout ? Qu’à cela ne tienne, ils collent, en l’espace de quelques heures, de faux gyrophares fabriqués avec des verres en plastique, de la cellophane bleue et des lumières intermittentes, sur tous les toits des voitures d’une place du quartier de Malasaña. Le nom de l’installation? Tant de police, pour si peu de gens…

Ce collectif street-art a récemment monté des installations inspirées par les mouvements démocratiques du 15 mai en Espagne et dont la dernière en date, réalisée pour le festival Dockville de Hambourg, porte sur les conséquences de l’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon. On peut s’attendre à ce qu’il réagissent aux prochains évènements, et embellissent des éclats de leurs créations, phosphorescentes, luminescentes et féériques les rues de Madrid ou d’autres villes d’Europe.

Sous la menace nucléaire

Avec notre mystérieuse armée de 100 personnages radioactifs illuminés, avançant de manière menaçante, sur le site en plein air du festival Dockville, nous voulions inviter à la réflexion sur l’utilisation et l’abus de l’énergie nucléaire, peu coûteuse économiquement mais qui a des effets secondaires dévastateurs et irréversibles pour l’environnement et la santé publique.

Temps d’installation: 6 jours
Dommages: aucun
Temps d’exposition: 30 jours.

Faune et flore préservée

Nous déplorons le manque d’espaces verts à Madrid, et nous avons décidé pour cette raison de partir à la recherche de ces petites plantes qui poussent timidement dans les endroits les plus inattendus. Nous voulions de manière symbolique les protéger et les préserver, ce que nous avons fait avec des petites serres portables pour les abriter de la pollution, et un troupeau d’animaux pour les accompagner.


Temps d’installation dans la rue: 5 heures.
Dommages: aucun
Temps d’exposition: plus de 12 heures

Au revoir Sol, on rentre à la maison

Le 12 juin, le mouvement du 15 mai se retirait officiellement de la place de la Puerta del Sol, passant le contrôle aux assemblées de quartier et laissant à l’endroit du campement, un point d’information, comme un phare montrant le chemin, rappelant aux indignés qu’ils pourront toujours revenir, si les circonstances se présentaient…

Durée d’installation: 2 heures
Dommages: aucun
Temps d’exposition: 1 heure

Recyclage électoral

Nous avons réalisé cette intervention le jeudi avant les élections municipales et régionales en Espagne, à un moment crucial pour notre démocratie où les gens descendaient dans la rue pour exprimer de manière pacifique leur mécontentement et leur opinion sur la classe politique qui nous a entraîné dans cette crise dont ne nous voyons pas la fin.


Temps d’installation: 5 heures.
Dommages: aucun
Temps d’exposition: + de 24 heures

La mer urbaine

Les containers de gravas des rues de Madrid sont comme des bateaux échoués entre les voitures, en attente de la marée qui ne viendra jamais les emporter vers le large.


Temps d’installation: 2 heures
Dommages: aucun
Durée de l’intervention: 24 heures


Source : Luz Interruptus
Photos de Gustavo Sanabria ©

Image de Une Marion Boucharlat

Retrouvez le dossier complet

La cote de la révolte
Occuper Wall Street et son esprit

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Vendredi c’est graphism S02E21! http://owni.fr/2011/05/27/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e21/ http://owni.fr/2011/05/27/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e21/#comments Fri, 27 May 2011 06:30:30 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=64631

Bonjour à toutes et tous !

Aujourd’hui c’est vendredi, et comme toutes les semaines, voici Vendredi c’est Graphism, la chronique graphisme, design, art et technologies de la création sur Owni.fr ! Au programme de cette semaine, du pixel en volume, du recyclage numérique, un jeu de société pour graphistes, des petits cubes virtuels qui rencontre l’univers des studios Ghibli, un doigt d’honneur pour soutenir un artiste Chinois, un long métrage sur Matrix et un WTF…mortel !

Bon vendredi et bon Graphism ! :-)

Geoffrey

C’est parti ! On commence la semaine avec la combinaison entre le pixel et la 3D. Egalement appelé «Voxel» ce système est une façon passionnante de représenter de l’image en pixels. Le travail de Shawn Smith va plus loin et étudie l’intersection glissante entre le monde numérique et la réalité. Plus encore, il tente de comprendre comment nous percevons la nature grâce à la technologie.

Partant du constat que les images de la nature présentée à la télévision ou sur un écran d’ordinateur ne sont en fait que de la lumière pixelisée (la trame télévisuelle en RVB), Smith recrée ainsi en trois dimensions des représentations sculpturales de ces images en deux dimensions.

source

C’est l’idée du jour, il s’agit du recyclage numérique ! Dumpster Drive est une application de partage de fichiers qui recycle des fichiers numériques. L’utilisation de déchets “nobles” pour en faire des créations, pour les recycler, pour leur redonner vie existe déjà avec les matériaux physiques. Et c’est sur ce même modèle que Dumpster Drive permet aux autres d’aller piocher dans votre “poubelle” dans les fichiers que vous supprimez sur votre ordinateur. Cela permet ainsi aux utilisateurs d’étendre le cycle de vie de leurs fichiers indésirables et de les transmettre à d’autres.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

sourcesource

On enchaîne notre revue de la semaine avec un jeu de plateau pour graphistes & designers ! Intitulé «The Pitch», le mélange tombe parfaitement avec un équilibre entre graphisme et jeu de société. À l’heure actuelle, le projet en est à son stade de recherche de financements avec Kickstarter mais voici déjà les premiers principes.

Le concept: Tous les grands projets commencent par une chose: une bonne idée. Cette idée est la racine de toutes les créations. Penser le beau produit, imaginer la représentation d’une marque, réfléchir à l’auditoire, etc. En tant que designers, nous avons la capacité d’influencer le monde.

L’objectif: Communiquer les prémisses du graphisme et le rendre accessible à tous, en particulier aux non-graphistes, aux non-designers. L’idée est également de rassembler une communauté, de collaborer et d’inventer.

Le projet: Autour du jeu, chacun peut devenir designer, et rentrer dans la « pensée design ». Votre jeune frère, votre grand-mère qui ne peut pas cliquer sur une souris d’ordinateur ou de votre meilleur ami peuvent alors mettre en route une réflexion orientée design et amorcer un processus créatif.

source

La séquence “émotion” de cette semaine, j’aurais pu également la placer dans “art de geek” tellement la prouesse est impressionnante. Il s’agit de la reconstruction entière dans MineCraft des décors des différents animés des Studio Ghibli avec notamment les décors de “Mon Voisin Totoro”, “Laputa” ou encore “le Voyage de Chihiro”. C’est assez impressionnant, vraiment :-)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Hier, mes amis du FAT (free art & technology) qui ont présenté sur leur site un lien à glisser sur vos pages de sites internet. Il s’agit du bookmark “Fuck Off” pour soutenir l’artiste contemporain Ai Weiei qui lutte pour la liberté d’expression en Chine. C’est en apparence idiot, drôle, ça ne sert, à proprement parler, pas à grand chose si ce n’est à faire du fun, ça se teste directement ici.

Il y a quelques jours, Raphaël Hernandez et Savitri Joly-Gonfard ont sorti Kaydara, le fan-film inspiré de Matrix. Cette production française, d’une durée de 50 minutes réalisée pendant plus de 6 ans raconte l’histoire de Kaydara, un chasseur de prime dont la mission est de tuer l’élu ! Vous l’aurez compris, un film dans la veine matrix qui possède des scènes à couper le souffle !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

Le gros gros WTF du jour s’appelle “Euthanasia Coaster” ! Ce manège de l’euthanasie est une machine polémique et hypothétique pour provoquer la mort sous la forme d’un roller coaster. Conçu, je cite, “pour que l’être humain perde vie avec élégance et euphorie”, le passager est soumis à une série de sensations uniques: de l’euphorie à l’hypnose, à la perte de conscience, et, éventuellement, la mort. Cette idée totalement “WTF” est réalisé par Julijonas Urbonas et Paulius Vitkauskas.

source

Merci encore à toutes et tous de répondre présent à ma chronique, vous m’écrivez souvent pour m’informer de vos projets ou me présenter des travaux d’artistes, de designers, c’est toujours un plaisir ! Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine donc, et si mercredi 1 juin cela vous intéresse, je parlerai de Hacking et de design à l’Université Descartes à Paris. Bon week-end ! :-)

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Réinjecter de la durée de vie dans la société du jetable http://owni.fr/2011/05/01/reinjecter-de-la-duree-de-vie-dans-la-societe-du-jetable/ http://owni.fr/2011/05/01/reinjecter-de-la-duree-de-vie-dans-la-societe-du-jetable/#comments Sun, 01 May 2011 11:00:36 +0000 Alexandre Marchand http://owni.fr/?p=60364

Sans connaître le terme [d’obsolescence programmée], je me suis rendu compte à 16 ans que la qualité des produits régressait, et ce, dans tous les secteurs.

Se souvient Yohann Gouffé, un chargé de communication sur le développement durable à la mairie de Saint-Mandrier (Var). “Obsolescence programmée”, une expression barbare pas forcément évocatrice mais pourtant inhérente à notre vie quotidienne. L’idée est simple : concevoir des produits plus fragiles permet d’accélérer leur renouvellement, faisant ainsi augmenter les ventes. Le procédé n’est pas neuf mais a cependant connu une accélération au cours des deux dernières décennies avec la complexification de l’électronique dans les produits de tous les jours. Un mouvement contre lequel Yohann, parmi d’autres citoyens inquiets, cherche à trouver des parades.

Un forum pour partager des solutions pour étendre la durée de vie des objets

Si la logique de l’obsolescence programmée pouvait avoir sa pertinence dans l’Amérique sinistrée des années 1930, où elle a été popularisée, elle est devenue beaucoup plus problématique en ce début de XXIème siècle. Dans un monde aux capacités limitées, elle accapare des ressources considérables. Et la surconsommation qui en découle génère des montagnes de déchets qui iront s’accumuler sur des terrains vagues au Ghana, au Sénégal, en Inde,…

Après la visionnage de l’excellent documentaire Prêt à Jeter sur Arte en février dernier, Yohann se précipite sur Internet pour chercher des informations supplémentaires. Constatant la rareté de données sur l’obsolescence programmée, il décide de créer le premier forum sur le sujet. Dans cet espace, les utilisateurs sont invités à recenser les appareils douteux et à échanger les astuces pour les faire remarcher. Lave-vaisselle, onduleur, machine à pain…les produits y sont passés au crible.

La société, en quête d’une constante croissance économique, nous conditionne partout et à longueur de journée à consommer toujours plus, et l’obsolescence programmée des produits, que nous achetons sans réfléchir à l’impact environnemental, y contribue.

Avec l’aide des internautes, il catalogue d’ailleurs les produits avares d’énergie et aisément réparables, du fer à repasser démontable à la machine à expresso manuelle.

Dans le processus d’obsolescence programmée, l’attitude du consommateur est cruciale.

Il faut arrêter de vivre et de consommer pour plaire ou se faire accepter d’autrui, analyse Yohann. Personnellement, je n’éprouve aucunement le besoin de suivre la mode ou de parader avec le dernier modèle sorti sur le marché.

L’obsolescence peut être technique certes mais également psychologique, c’est le constat que partage Marine Fabre, membre des Amis de la Terre et auteur d’un rapport sur le sujet. Pour ce dernier, elle est allée à la rencontre des distributeurs d’électroménager. Si leur première réaction a été de dénoncer “la théorie du complot”, ils ont fini par avancer que l’obsolescence “est surtout du fait des consommateurs qui poussent la consommation technologique et veulent toujours le produit dernier cri”. “La volonté d’avoir le dernier produit en date est en grosse partie suscitée par le marketing”, soutient cependant Marine.

Réemploi, durabilité et partage

Avec les Amis de la Terre, Marine a contribué à l’élaboration du site Produits Pour La Vie qui vise à informer les consommateurs et à leur proposer des alternatives. Avec une équipe de bénévoles, elle travaille actuellement à des “Guides du Réemploi” pour Paris et le Val-d’Oise. Le but : donner accès au citoyen à des bases de données lui indiquant où faire réparer quel type de produit, où faire du troc, où louer un objet pour un besoin ponctuel… “Ta perceuse tu en as besoin peut-être deux fois dans ta vie alors plutôt que d’en acheter une, pourquoi ne pas la louer ou la partager?”, explique-t-elle.

Réemployer plutôt que de jeter, un bon moyen de contourner le système mais généralement peu pratiqué. Selon une étude de l’ADEME, près d’un objet sur deux qui tombe en panne n’est pas réparé alors même que 83% des Français disent être sensibles à l’intérêt écologique de ce geste. « Il semble plus facile d’acheter que de faire réparer » avance Dieter Becker, coordinateur de la Recyclerie du Rouergue.

Située sur la route de la déchèterie de Villefranche (Aveyron), sa Recyclerie fait partie du réseau des Ressourceries, un ensemble de structures spécialisées dans le réemploi des déchets. “On reçoit pas mal de [l’électroménager] blanc, les gens veulent plus de technicité, plus de commodité. Certains appareils qu’on a sont jolis sauf qu’en termes de consommation…”, explique Dieter. Depuis 2006, sa Recyclerie collecte des produits usagés, les remet en état de marche et les valorise afin de les revendre derrière. “Avec trois machines, on peut en faire une”, assure le coordinateur. Le concept et les prix attractifs et semblent assurer un succès croissant à la Recyclerie : en 2010, 60 tonnes y ont été apportées, près de 30 en sont ressorties.

Il est aussi possible, plutôt que de faire l’acquisition d’un nouveau modèle, de se procurer un produit par des voies parallèles. “On ne jette rien, on redonne les choses, ainsi on n’a pas besoin de racheter systématiquement”, confie Mireille Legendre, la présidente d’un Système d’Échange Local (SEL) à Montreuil (Ile-de-France).

Développés dans les années 1980 en Amérique du Nord et arrivés en France en 1994, les SEL donnent une nouvelle vie aux produits dont on souhaite se séparer. Inscrits en marge de l’économie classique, ils permettent l’échange de produits ou de prestations entre les citoyens sans recourir à l’argent. Plus de quatre-vingt personnes, de Montreuil et ses environs, viennent apporter leur contribution au SEL créé par Mireille en 1999. Chacun y met ce qu’il peut : service, savoir ou bien. Ici la monnaie n’a pas cours, on calcule en ”unités”. Par exemple, une heure passée à aider pour le jardinage rapportera 60 unités, unités qui pourront être utilisées pour acquérir un objet mis à la disposition du SEL. Le “prix” d’un bien est laissé à la discrétion de son propriétaire d’origine. “Les biens qui sont mis ici sont variables : cela peut être de l’alimentation, du mobilier ou encore de l’électroménager”, explique la présidente. Près de 400 organisations similaires sont recensées sur le territoire français, et de nombreuses autres existent à l’étranger (Belgique, Canada, Suisse…).

Mettre en commun pour consommer moins

Aude Ménigoz-Kirchner a trouvé une autre alternative à la surconsommation : mettre en commun les biens. C’est la conclusion qu’a atteint, au fil des années, ce médecin scolaire de Besançon (Doubs) :

Chacun prend conscience à son rythme, la crise économique a peut-être aidé certains. Moi j’y suis arrivée progressivement, un peu par mon fils qui est dans la décroissance, un peu par des amis.

Depuis quelques années, au sein de l’association Habiter Autrement à Besançon, elle participe à l’établissement d’un habitat coopératif, un ensemble écologique et solidaire. Mais si l’habitat coopératif connaît un regain d’intérêt en France ces dernières années, en périphérie ou à l’extérieur des villes, la mutualisation des biens n’y est pas forcément mise en oeuvre et reste avant tout un choix au cas-par-cas. Avec 15 autres foyers, pour l’heure, Aude a choisi le terrain de construction et envisage l’emménagement dans les trois ans. “Pour nous, ce qui est important c’est la mutualisation des surfaces et des biens. Le but est le bien vivre-ensemble”, explique-t-elle.

Des pièces communes seraient ainsi prévues : buanderie, grande salle avec cuisine, chambres d’amis… “Ce qui sera mis en commun dépend un peu de chacun : ça peut aussi bien être des ateliers de bricolage que des livres ou encore des automobiles”, dit Aude. Elle compte bien mettre sa voiture, pourtant nécessaire à ses tournées, à la disposition de la communauté dès que possible afin de limiter le nombre de véhicules par foyer.

“L’obsolescence programmée est inhérente au système, c’est le bras armé de la croissance”, lâche Stéphane Madelaine avec un sourire. En tant que professeur de sciences industrielles pour l’ingénieur au Havre (Seine Maritime), il certifie l’existence de l’obsolescence programmée et regrette le manque de discussion autour : “Dans le cahier des charges de tout produit il faut mettre une durée de vie, il y a donc bien une décision qui est prise”. Pour ce membre du Parti pour la Décroissance, « la croissance pour la croissance” est un concept “complètement absurde ». Stéphane milite pour un tournant abrupt :

Il faut que le consommateur se réapproprie son mode de vie. Nous ne sommes pas des moutons qui subissons tout, il y a plein de moyens de s’exprimer ou de changer le monde.

“La crise amène à repenser certains modes de consommation. Elle a poussé beaucoup de gens à s’interroger pour savoir s’il n’y avait pas une autre voie”, explique Christophe Ondet, le secrétaire national du Parti pour la Décroissance. Selon lui, il est vital de sortir du paradigme de la croissance et du travail, réhabiliter l’humain derrière l’économie. “A quoi ça sert d’avoir un emploi derrière un guichet si c’est pour y être malheureux ?”, interroge-t-il. Mais le changement, dit-il, doit d’abord se manifester dans des comportements individuels, des regroupements de citoyens, une volonté provenant de la base. Et de marteler :

Ça partira du citoyen ou ça ne partira pas.

Même s’il confesse ne pas avoir de “programme clé en main” à proposer, il voit une solution simple à la surconsommation : la sobriété. À chaque citoyen de décider de la marche à suivre, de faire ses propres choix en matière de consommation. “Personnellement, confie Christophe, je ne consomme pas plus que ce dont j’ai besoin. Je ne rêve pas de passer le samedi dans les centres commerciaux.”

Photos: Flickr CC Toban Black / Chantel Williams / Andy Herd / Peter Blanchard.

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Métal urbain et ferrailleurs des temps modernes http://owni.fr/2011/04/18/metal-urbain-et-ferrailleurs-des-temps-modernes/ http://owni.fr/2011/04/18/metal-urbain-et-ferrailleurs-des-temps-modernes/#comments Mon, 18 Apr 2011 06:30:32 +0000 nicolasnova http://owni.fr/?p=57061 Urban After All S01E13

La semaine passée, une retraitée géorgienne de 75 ans a fait la douloureuse expérience de couper l’accès à Internet dans 90% des foyers, sociétés et organisations arméniennes. En cherchant des métaux à récupérer et revendre, la malheureuse a sectionné avec une bêche un des câbles de fibre optique permettant la connexion entre les deux pays…

Au-delà du phénomène de la hackeuse à cheveux gris, qu’est-ce que les histoires de ramassage de cuivre, fer et aluminium nous racontent sur la ville d’aujourd’hui ?

Ce vol c’est de l’alu

Le vol de métaux est un phénomène qui transparait récemment dans les médias. Des expéditions spectaculaires sont ainsi mentionnées, comme ces scieurs de pylônes, les faux ouvriers du Ranch Davy-Crockett de EuroDisney ou ces profanateurs de sépultures. Avec comme cause souvent mentionnée pour expliquer cette tendance les prix élevés des métaux et la demande croissante des pays émergents comme l’Inde et la Chine.

On imagine les malfrats nocturnes redoubler de précautions pour déterrer, arracher et récupérer des bribes d’acier, d’aluminium ou de cuivre. Mais contrairement au cliché répandu dans les médias, la collecte de métaux n’est pas uniquement un acte délictueux ! Il n’y a pas forcément besoin d’opérer la nuit ou dans les campagnes pour récupérer des métaux et il peut s’agir d’une activité courante, mais invisible, des villes contemporaines. Pas nécessairement du vol [vidéo, en], ce peut parfois être un type de petit boulot à la limite de la légalité, ou lié à des sortes d’économies informelles et souterraines.

Les petites mains d’un collège invisible

Les “ramasseurs de fer” font en fait partie intégrante du paysage urbain. Les voleurs décrits dans les médias qui détruisent les infrastructures ou les objets en place éclipsent bien souvent les récupérateurs plus discrets. Ces petites mains forment une sorte de collège invisible et très bien organisé. Ces membres sillonnent nos cités pour les débarrasser des encombrants laissés dans les rues ou trier les différents déchets laissés en vrac dans les poubelles et autres bacs.

Ce sont ces ferrailleurs des temps modernes qui m’intéressent tout particulièrement et que je croise régulièrement. On en voit ici et là avec les quelques exemples ci-dessous provenant de mes pérégrinations, respectivement à Istanbul (Turquie), Madrid (Espagne), Séville (Espagne) et Paraty (Brésil).

Les exemples que je prends volontairement ici témoignent de l’existence de ce phénomène dans toutes sortes de contextes : des grandes agglomérations européennes (Madrid, Istanbul) à des petites villes sud-américaines. Si je n’ai pas de photos de France, cela ne signifie pas que l’on ne retrouve pas ce type de pratique dans nos contrées.

À la recherche du “fer mort”

Que voit-on sur ces photos ? D’abord des véhicules sommaires, des caddies à la carriole, transportant toutes sortes de débris trouvés dans les rues ou sortis de poubelles : câbles jetés, ordinateurs laissés dans les rues, téléviseurs abandonnés, vieux cadenas et vélos rouillés… Tout y passe et tout est bon à récupérer. Les véhicules en question révèlent d’ailleurs le caractère quasi anachronique d’une telle activité (tout du moins en décalage avec des formes plus institutionnelles de récupération). Dans sa représentation la plus visible, le ramassage informel de métaux, activité qui apparait miséreuse, ne se fait pas avec des moyens très modernes.

Ces acteurs urbains très discrets ne démantèlent pas l’existant. Ils sont plutôt en effet à la recherche de “fer mort” comme le décrit Moussa Touré dans cette dépêche d’agence : “c’est-à-dire le fer qui ne peut plus être utilisé par les mécaniciens et autres utilisateurs qui s’en débarrassent“. Une variante du promeneur de plage avec son détecteur de métaux en quelque sorte.

L’équivalent du bataillon d’utilisateurs de Wikipedia

Cette recherche du “fer mort” doit être considérée comme une manière de contribuer à l’évolution de l’espace urbain. On peut la lire comme une forme de participation limitée visant à la fois à débarrasser les rues d’encombrants mais aussi à recycler les produits dont les citadins se débarrassent. C’est peut être cela au fond la “ville 2.0” ou la ville participative contemporaine. S’il fallait faire une analogie avec la culture numérique, on pourrait dire que ces ferrailleurs sont l’équivalent du bataillon d’utilisateurs de Wikipedia qui contribuent de manière minimale en corrigeant les fautes d’orthographe. Sans eux, la qualité de l’encyclopédie serait bien moindre !

Une telle attitude montre bien qu’une ressource peut être “morte” pour une certaine catégorie d’acteurs mais bel et bien utile pour d’autres. Le tout évidemment sous-tendu par la perspective d’échanger des rebuts contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Car la phase de ramassage n’est qu’une composante de ce phénomène. C’est la partie visible de l’iceberg… avec sa face moins connue d’économie souterraine et de marché aux métaux usagés.

C’est peut être là que réside la nuance avec les correcteurs de fautes d’orthographe sur Wikipedia : ces ferrailleurs n’ont pas de but collectif supra-ordonné (comme l’embellissement des rues) puisque c’est l’appât du gain qui les motive.

Quoi qu’il en soit, peut-on dire que ces ferrailleurs contribuent à la “bonne santé” de la ville ? S’agit-il d’une forme légitime de participation à la vie de la cité ? Et ce malgré le côté miséreux ou anachronique des ramasseurs de métaux… À minima, ces observations nous rappellent qu’il n’y a pas de petits profits et que l’espace urbain est un écosystème respectant la maxime de Lavoisier :

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.

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Photos : Nicolas Nova, sauf la dernière : Philippe Gargov.

Chaque lundi, Philippe Gargov (pop-up urbain) et Nicolas Nova (liftlab) vous embarquent dans le monde étrange des “urbanités” façonnant notre quotidien. Une chronique décalée et volontiers engagée, parce qu’on est humain avant tout, et urbain après tout ;-) Retrouvez-nous sur Facebook et Twitter (Nicolas / Philippe) !

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Evolution de la consommation collaborative au rythme des réseaux http://owni.fr/2010/11/15/evolution-de-la-consommation-collaborative-au-rythme-des-reseaux/ http://owni.fr/2010/11/15/evolution-de-la-consommation-collaborative-au-rythme-des-reseaux/#comments Mon, 15 Nov 2010 10:57:33 +0000 Hubert Guillaud http://owni.fr/?p=35680 La consommation collaborative correspond au fait de prêter, louer, donner, échanger des objets via les technologies et les communautés de pairs”, explique le site éponyme lancé par Rachel Botsman et Roo Rogers, les auteurs de What’s mine is yours, the rise of collaborative consumption (Ce qui est à moi est à toi, la montée de la consommation collaborative).

Ceux-ci affirment d’ailleurs que cette pratique est en passe de devenir un “mouvement”. Un mouvement qui va des places de marchés mondiales comme eBay ou Craiglist à des secteurs de niches comme le prêt entre particuliers (Zopa) ou les plates-formes de partage de voitures (Zipcar). Un mouvement dont les formes évoluent rapidement, comme le montre le secteur automobile par exemple, où nous sommes passés de la vente de voitures par les constructeurs au partage de voitures (Zipcar, StreetCar, GoGet… et Autolib bientôt à Paris) au covoiturage (Nuride qui est plutôt un système de compensation pour inciter les gens à prendre d’autres types de transports, Zimride, Goloco ou Covoiturage en France) à la location de voiture en P2P (DriveMyCar, GetAround, RelayRides, WhipCar). Dans la monnaie, nous sommes passés des banques établies, à des systèmes de prêts entre particuliers (Zopa, Peepex…), puis à des monnaies alternatives (Superfluid ou Batercard…).

“La consommation collaborative modifie les façons de faire des affaires et réinvente non seulement ce que nous consommons, mais également comment nous consommons”, affirment ses défenseurs. De nombreuses nouvelles places de marchés voient ainsi le jour en ligne : que ce soit les systèmes qui transforment les produits en service (on paye pour utiliser un produit sans avoir besoin de l’acheter), les marchés de redistribution (qui organisent la redistribution de produits utilisés ou achetés quand ils ne sont pas ou plus utilisés) et les styles de vie collaboratifs (des gens avec des intérêts similaires s’assemblent pour partager bien, temps, espace, compétences, monnaie, comme dans le cas des achats groupés sur l’internet via les ventes privées, ou du développement des espaces de Coworking comme les Cantines en France).

La liste des sites web permettant ce type d’échanges gagne toutes les thématiques : de l’échange de maison (HomeExchange) à la location de chambre ou de canapés chez le particulier (Airbnb et Couchsurfing) ou de parking en ville (ParkAtMyHouse), voire de jardins (Urban Garden Share ou Landshare)… au prêt de matériel électroménager (Zilok), à celui des produits culturels (Swap), ou de fringues (thredUP), ou à l’échange de la production du jardin (LePotiron)… jusqu’au partage de compétence (Teach Street ou Brooklyn Skill Share) et bien sûr au don d’objets usagers (Kashless, FreeCycle et autres Ressourceries…).

Cliquer ici pour voir la vidéo.


Vidéo : la vidéo promotionnelle du livre de Rachel Botsman et Roo Rogers.

Les fans du partage ont déjà leur magazine : Shareable.net. D’un coup, L’âge de l’accès que décrivait brillamment Jeremy Rifkins dans son livre semble être en passe de s’être réalisé… mais pas de manière uniforme. Les visions et les modèles économiques qui président à la “consommation collaborative” n’ont pas tous la même orientation politique, ne partagent pas toute la même vision de l’économie et du fonctionnement de nos sociétés, tant s’en faut. Certains donnent clairement lieu à des modèles d’affaires qui n’ont rien d’altruiste (Groupon a généré 500 millions de dollars de revenus cette année), alors que d’autres proposent ouvertement un autre modèle de société et d’échange.

Un mode d’échange par défaut

Pour Rachel Botsman et Roo Rogers ces systèmes ont “tendance à devenir, par défaut, la façon dont les gens échangent que ce soit des biens, des lieux, des compétences, de la monnaie ou des services”. Et des sites de ce type apparaissent chaque jour, tout autour du monde. Mode ou phénomène de niche qui devient phénomène de masse ? Difficile à dire parce qu’il n’est pas évident d’arriver à mesurer ce phénomène.
C’est pourtant ce que veut proposer le site Collaborative Consumption, tenter de donner une mesure au phénomène, tout en recensant les outils et en centralisant la discussion sur cette évolution, pointe Bruce Sterling sur Wired.

Jenna Wortham pour le New York Times a ainsi loué un Roomba, ce robot aspirateur, pour 24 heures via la plate-forme SnapGoods. Une plate-forme parmi de nombreuses autres comme NeighborGoods ou ShareSomeSugar. Il existe bien d’autres services de ce type, allant des services d’achats groupés comme Groupon ou Vente privée, aux sites de voyages entre pairs comme Airbnb, aux sites d’échanges de maisons comme Home Exchange, voir même aux sites d’investissements collaboratifs comme My Major Company ou Kickstarter.

Il y a plusieurs formes de consommation collaborative : les formes où l’on achète en commun, de manière groupée, un bien ou un service pour obtenir le plus souvent un prix ; et les formes où les gens se prêtent, se donnent ou s’échangent des biens et services plutôt que de les acheter, estime Jenna Wortham.

Pour Ron Williams, cofondateur de SnapGoods, ce phénomène est lié à ce qu’il appelle “l’économie de l’accès” qu’évoquait Jeremy Rifkins. “Il y a une sensibilisation croissante au fait que vous n’êtes pas toujours heureux d’hyperconsommer. La notion de propriété et la barrière entre vous et ce dont vous avez besoin est dépassée.” La crise est également passée par là et le fait de pouvoir tester un produit avant de l’acheter réfrène (à moins qu’elle ne l’encourage) l’hyperconsommation dans laquelle notre société a depuis longtemps basculé, comme le souligne Gilles Lipovetsky dans son essai sur la société d’hyperconsommation.

Pour autant, ces places de marchés ne devraient pas renverser le modèle traditionnel avant longtemps, estiment les spécialistes. “Ce n’est pas la fin de notre vieille façon de consommer. Mais petit à petit, l’échange entre pairs pourrait bien devenir la façon par défaut dont nous échangeons”, estime Rachel Botsman.

Du produit au sens de la communauté

En attendant, les gens louent un nécessaire de camping pour un voyage, plutôt que de l’acheter, passent la nuit chez d’autres habitants plutôt qu’à l’hôtel… Pour les gens qui louent leur matériel, c’est une façon de se faire un peu d’argent, voire de rentabiliser leur achat. Ce n’est pas pour les économies qu’ils permettent de réaliser que ces services devraient gagner en popularité, mais parce qu’ils renforcent le sens de la communauté.

Ces services transforment un bien de consommation en un moyen de rencontrer ses voisins, estime un utilisateur actif. “Nous surfons sur le désir d’avoir toujours de réelles connexions avec la communauté”, estime Paul Zak, directeur du Centre pour les études en neuroéconomie de la Claremont Graduate University. L’interaction sociale réduit l’émission d’hormones de stress, même en ligne, estime le chercheur qui a montré que poster un message sur Twitter déclenchait une libération d’ocytocine, un neurotransmetteur de satisfaction. Selon lui, le commerce en ligne est appelé à se déplacer au-delà des transactions pour développer l’interaction et les contacts sociaux, comme nous le faisons déjà dans les magasins réels.

Le web ramène le business à l’individu à mesure que les sociétés de commerce en ligne deviennent plus petites, plus spécialisées, de niches. Paradoxalement, le web nous ramène à un modèle d’affaires centré sur l’humain.

Voilà longtemps que les places de marchés comme eBay utilisent la notation et les critiques des consommateurs pour créer un sentiment de confiance entre les participants et éliminer les participants non fiables, en plus de protections techniques. Cette nouvelle vague de systèmes de pairs à pairs utilise également les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter pour susciter de la confiance. “Cette nouvelle économie va être entièrement basée sur la réputation, qui fait partie d’un nouveau tournant culturel : votre comportement dans une communauté affecte ce que vous pouvez faire ou ce à quoi vous pouvez accéder dans une autre”, estime Rachel Botsman. Pas sûr que la réputation soit aussi poreuse d’une communauté l’autre, ni que l’utilisation des sites sociaux comme systèmes d’identification suffise à transformer la relation d’échange. Comme le montre le succès du BonCoin, il n’y a pas nécessairement besoin de ce type de fonctionnalités pour développer les échanges.

Article initialement publié sur Internet Actu.net sous le titre “La montée de la consommation collaborative”

>>Crédit photo Flickr CC : colodio

>Capture d’écran du site Neighborgoods

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http://owni.fr/2010/11/15/evolution-de-la-consommation-collaborative-au-rythme-des-reseaux/feed/ 50
Recycler ou réutiliser les e-déchets ? http://owni.fr/2010/09/14/recycler-ou-reutiliser-les-e-dechets/ http://owni.fr/2010/09/14/recycler-ou-reutiliser-les-e-dechets/#comments Tue, 14 Sep 2010 12:39:44 +0000 Elena Ignatova (trad. F. Der Hagopian) http://owni.fr/?p=28073

Ce billet a été originellement publié sur Global Voices, écrit par Elena Ignatova et traduit par Fabienne Der Hagopian.

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De nos jours, nombre de foyers et d’entreprises produisent constamment d’énormes quantités d’e-déchets (composants électroniques)  qui constituent des risques environnementaux et sanitaires puisque ces déchets contiennent des matériaux toxiques. Selon StEP (Solving the e-Waste Problem [Résoudre le problème des e-déchets]) :

E-déchets est un terme utilisé pour décrire presque tous les types d’équipements électriques ou électroniques qui font partie ou pourraient faire partie du cycle des déchets.  Bien que e-déchet soit un terme générique, on l’entend comme comprenant télévisions, ordinateurs, téléphones portables, produits blancs (réfrigérateurs, machines à laver, séchoirs), systèmes vidéo et stéréo, jouets, machines à griller, bouilloires – quasiment tous les articles contenants des circuits ou des composants électriques utilisant de l’électricité ou des piles.

Des indiens récupèrent certaines parties de vieux condensateurs à l'aide d'une machette

L’innovation rapide dans la fabrication des produits, et donc leur remplacement, spécialement dans le champ des technologies de l’information et de la communication (TIC) et des équipements de bureau, combinée avec la baisse des prix de nombreux objets électriques, ne fait qu’accentuer le problème des e-déchets. La gestion des e-déchets peut être divisée entre réutilisation et recyclage des vieux équipements. Tony Roberts souligne l’énormité du problème sur son blog, Laptop Burns. Il écrit:

[…] Nous sommes en train de créer une bombe à retardement de plus de 20 milliards d’e-déchets qui demande notre attention immédiate.  L’ONU estime qu’en 2009 il y avait 4,6 milliards de téléphones portables utilisés dans le monde.  Selon les indicateurs de développement mondiaux de la Banque Mondiale, 2,6 milliards de radios étaient utilisés en 2005  et 2 milliards de télés.  Les recherches de [l'institut de recherches] Gartner montrent qu’il y a aujourd’hui plus d’un milliard d’ordinateurs utilisés dans le monde.  Ces chiffres augmentent rapidement : nous produisons et consommons plus d’un milliard de nouveaux téléphones portables chaque année.  La taille de ce problème est sans précédent. […] Heureusement, la solution au problème des e-déchets est claire.  Nous devons réduire l’empreinte carbone des mines et des usines et réduire l’utilisation de composants toxiques dans la fabrication des EEE (Équipements Électroniques et Électriques).  Nous devons parvenir à un accord international pour la réutilisation des EEE en état de fonctionnement, et recycler nos propres EEE ainsi que pénaliser les décharges sauvages et l’exportation d’e-déchets.  Et nous devons appliquer le principe pollueur – payeur [en français].

Haley Bowcock parle de la réutilisation de vieux équipements comme alternative au recyclage :

[…] Il y a un marché potentiel énorme pour la réutilisation des composants des objets de communications et des nouvelles technologies puisqu’ils sont souvent remplacés bien avant la fin de leur cycle de vie en raison de l’innovation rapide et de l’appétit des consommateurs pour les derniers modèles.  Malgré cela, les produits qui ne sont plus en demande terminent souvent dans des décharges ou entrent dans la chaine du recyclage.  Bien qu’il y ait des bénéfices pour l’environnement et la santé à recycler les produits électroniques en fin de vie selon les règles, ces bénéfices sont moins nets pour les produits des TIC qui n’ont pas atteint la fin de leur cycle de vie.  En fait, les recherches informelles montrent que réutiliser un ordinateur est jusqu’à 20 fois plus économe en énergie que de le recycler.  Donc, la réutilisation devrait être encouragée et maximisée dans les cas où il est prouvé qu’elle est la méthode la plus efficace de gestion des déchets, comme pour les produits TIC entre autres.  Heureusement, des évolutions récentes suggèrent que la réutilisation commence à être reconnue comme elle le mérite. […]

Elle donne aussi un lien vers un rapport de Computer Aid International, Why Reuse is Better Than Recycling,  [Pourquoi il vaut mieux réutiliser que recycler] , qui dresse une liste de conclusions et de recommandations :

Conclusions :

  • La productions de biens TIC consomme beaucoup d’énergie et de matériaux,  et ces biens contiennent des substances qui sont dangereuses, ou chères, ou les deux, et ils ne devraient donc pas finir dans les décharges
  • Le taux important de remplacement des produits et la concentration de l’utilisation d’énergie dans leur phase de fabrication plutôt que dans leur phase d’utilisation (80 et 20 pour cent respectivement) signifie que toute activité qui prolonge leur vie – comme la réutilisation – devrait avoir la priorité.
  • La réutilisation des ordinateurs est jusqu’à 20 fois plus économe en consommation d’énergie que leur recyclage.  La réutilisation coûte aussi moins cher que le recyclage.  Par conséquent, la hiérarchie de la gestion des déchets, qui place la réutilisation devant le recyclage, s’applique aux e-déchets comme aux autres
  • Puisque les produits TIC sont souvent remplacés avant la fin de leur cycle de vie, leur réutilisation apporte des bénéfices additionnels, comme de permettre leur utilisation par des gens qui ne pourraient pas se procurer des produits neufs
  • Les meilleures performances de la réutilisation ont été reconnue dans la législation européenne.  La directive Waste Electrical and Electronic Equipment (WEEE) [Déchets des équipements électriques et électroniques] contient des articles qui donnent la priorité à la réutilisation, même si le manque d’objectifs précis fait que le recyclage est bien souvent dominant dans la pratique.  L’Europe et le reste du monde doivent aller plus loin pour permettre à la réutilisation d’apporter tous ses avantages

Recommandations : Pour tirer avantage de la réutilisation, les acteurs impliqués dans la gestion de la fin de cycle de vie doivent faire attention aux points suivants :

  • Les producteurs doivent réduire les déchets et la pollution environnementale en incluant la réutilisation dans le cahier des charges de la création de leurs produits. Ces produits auraient ainsi de futures utilisations bien identifiées et pourraient facilement être démontés pour réparation et recyclage. Trop de produits sont créés pour devenir obsolètes. Les guides d’utilisation devraient promouvoir la réutilisation plutôt que le recyclage.
  • Les consommateurs doivent optimiser l’utilisation des produits en retardant le remplacement jusqu’à ce que le produit ait atteint la fin de son cycle productif.  Les consommateurs peuvent donner la priorité à la réutilisation en donnant leurs équipements en état de marche et en ne recyclant que les objets ayant atteint la fin de leur cycle de vie.
  • Le gouvernement doit mettre en place des objectifs et des normes pour la réutilisation et évaluer leur mise en œuvre.  L’éducation du public sur la hiérarchie de la gestion efficace des déchets et l’importance pour l’environnement de la réutilisation fait partie de la solution, tout comme imposer le tri des objets réutilisables dans les déchetteries.

Dans le billet intitulé Where Do I Recycle My Old Electronics?, [Où est-ce que je recycle mes vieux objets électroniques ?] sur le blog Sustainable Electronics Initiative blog [Initiatives pour la durabilité des produits électroniques], Aida Sefic Williams a publié un lien vers les Electronic Take-Back and Donation Programs [programmes de restitution et de dons] et donne aussi des conseils à ceux qui veulent donner leurs téléphones portables et ordinateurs pour effacer toutes leurs données personnelles.  Et vous, que faites-vous de vos vieux équipements ?

Article initialement publié sur Global Voices

Illustrations CC FlickR : Jason Schlachet, DanForys et Greenpeace India

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