Un faussaire sur Twitter menacé

Le 1 avril 2010

Un faux compte Twitter, un mail d'avertissement... Dans son article, Alexandre hameçonne @ch_blanc, grand manitou du Grand Paris. Pris dans la nasse, ce dernier a décidé de réagir.

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Hier, j’arrive au boulot et je salue tout le monde parce que je suis poli. J’ouvre mon ordinateur, j’allume gmail parce que c’est toujours la première chose que j’ouvre. Et ce matin, entre le mail de promotion sur les super t-shirts geeks et un mail de ma grand-tante me demandant un énième conseil en informatique, une adresse peu habituelle, en .gouv.fr. C’est un peu la classe, me dis-je.

Aussitôt, je file me faire un café, tout guilleret, presque comme si ma page Facebook affichait un petit 1 à côté de la bulle. D’ailleurs, avant de lire ce mail officiel, j’ouvre Facebook. Pas de nouvelles notifications hélas. Mon café n’en est que moins doux. Je retourne donc à l’onglet gmail. Toujours ce mail. Toujours là, sous mes yeux. J’ouvre le spam vestimentaire, j’esquive ma grand-tante.

Enfin, le fameux mail. Peut-être une invitation à un dîner de blogueur avec NKM, Koztoujours et Epelboin. Et là, je tombe de haut.

Monsieur,

Je vous écris sous l’autorité de Christian Blanc, Secrétaire d’État chargé du Développement de la région capitale, auprès du Premier ministre. Suite à l’apparition d’un compte sur le service Internet Twitter.com au nom de Christian Blanc, nous avons contacté la société Twitter, à San Francisco. Celle-ci a accepté de nous communiquer l’adresse e-mail utilisée pour créer le compte ainsi que des “logs” nous permettant de vous identifier.

Il va de soi qu’usurper l’identité d’un Ministre contrevient à la loi. Nous vous demandons donc de supprimer ce compte.

Ce message est un premier avertissement. Nous serons obligé de porter cette affaire devant la loi si vous ne cessez pas votre activité sur ce compte. De plus, votre action nous a convaincu de l’utilité pour un Ministre de posséder un compte sur le service Internet Twitter. Nous vous saurions gré donc de nous communiquer un moyen de récupérer ce compte.

Cordialement,

Alain Croustier*
directeur du cabinet de Christian Blanc

J’ai donc décidé de tout vous raconter ici pour éviter les soucis futurs. En vous le racontant, je me place dans la lignée des Yes Men ! et autres promoteurs de la désobéissance civile et du prank.

Créer un faux-compte pour Christian Blanc, qui est le Secrétaire d’État au Grand Paris, vu que peu de gens savent qui il est, je vous le précise, c’était le moyen de mettre en lumière la question du Grand Paris dans les régionales.

Parce que le fait qu’un ministre, dans une République qui se dit décentralisé dans sa Constitution, puisse être en charge du développement d’une région, malgré des élections qui le désavouent, n’avait l’air de choquer que moi.

J’avais donc créé un faux-compte, qui n’avait rien de vrai, puisque le premier message était “Le Grand 8, c’est fantastique !”.

J’ai tenté quelques échanges avec des militants et élus UMP pour obtenir une authentification par mes pairs puisque jamais je n’aurai pu obtenir le fameux badge bleu. Hélas, peu furent dupes, ou alors, pas bien longtemps.

Quelques jours plus tard, les Indiscrets évoquent la colère de Christian Blanc suite à l’apparition de ce compte, rappelant les précédents désagréments de celui-ci avec la technologie. L’apogée a eu lieu hier, lorsque le compte Twitter de Jean-Paul Huchon, président de la Région élu récemment et donc seul maître avec son Conseil de l’avenir de notre région, bien conscient du caractère parodique de mon compte, a répondu à mes saillies.

Alors, que faire maintenant ? C’est un peu la question que je me pose. Arrêter le compte, ainsi démasqué, c’est un peu comme tweeter dans le vide pendant 5 mois. Le continuer semble ridicule maintenant que tout le monde sait que c’est un faux.

Surtout que cela pourrait me coûter quelques désagréments. En tout cas, avec la loi Loppsi, je risque d’en avoir des problèmes. À moins qu’il n’y ait prescription. Donc je vais le laisser tel que. Pour l’histoire. Et peut-être un jour dira-t-on “Il a démissionné à cause d’un faux compte Twitter” et là, je serai aussi heureux que lorsque le message Facebook me propose un rendez-vous galant.

* Les noms ont été modifiés

Illustration par Nicole Marti ; image de une CC Flickr Stian Eikeland

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