Hacker les élections

Un hackathon civique était organisé le week-end dernier au Camping, dans l'enceinte du Palais Brogniart à Paris. Des développeurs, graphistes et citoyens se sont rassemblés autour de projets d'applications visant à rétablir le débat autour de la campagne présidentielle.

Hackathon des élections @Le Camping par Voxe.org - (cc) Ophelia Noor pour Owni

Dimanche après midi, les neurones étaient en ébullition au Camping. A quelques heures de la présentation de leurs projets, les équipes planchent encore tandis que l’équipe des Silicon Maniacs s’apprête à lancer son émission de radio. Edouard Schlumberger, l’un des co-fondateurs de Voxe.org, le comparateur de programmes politiques, en profite pour rappeler que “le but de ce week-end est de renouveler le débat politique afin de mieux voter et voter éclairé“. Après une présentation des enjeux de l’Open Data et du journalisme de données la veille, les cinquante participants répartis en neuf équipes ont commencé à cogiter sur leurs applications citoyennes.

Deux jours de travail et de réflexion qui font naître une diversité d’applications autour de Voxe.org qui a mis son API (interface de programmation) à la disposition des équipes présentes. Des applications de gamification aux comparateurs de propositions de candidats sur des thèmes précis. L’occasion de revenir sur quelques exemples illustrant l’efficacité de ce week-end de création.

La “gamification” au cÅ“ur du hackaton

“Jeux intelligents” et “politique”, deux concepts qui pourraient paraître contradictoires. Pour les développeurs, designers et citoyens présents lors de ce hackathon civique, cette association est évidente, comme l’a démontré Félix, l’un des créateurs du Tamagoli. Ce serious game (pas encore disponible) utilisable sur Facebook et parodiant une console de jeu vidéo vintage simulant la vie d’un tamagoshi politique, offre de choisir entre Nicolas Sarkozy et François Hollande. Le joueur s’empare du candidat et le fait vivre au rythme d’une campagne. Il fait ensuite participer son candidat à des meetings, lui faisant faire du porte à porte en exposant des idées de son programme. “Le but est d’instruire tout en s’amusant” rappelle Félix, co-créateur de cet objet non-identifié.

Application Super French Politics - (cc) Ophelia Noor pour Owni

Dans la même veine ludique, l’une des équipes s’est inspirée du jeu de combat Street Fighter II pour élaborer son application. “Le but de Super French Fighters est d’organiser des battles entre deux candidats autour de questions relatives aux programmes” se réjouit Marc Arthur, membre de l’équipe. Chaque candidat incarne un personnage du célèbre jeu vidéo et le détournement bien pensé permet de revivre un grand moment du jeu de combat. Une manière de s’impliquer dans le débat citoyen au moyen du divertissement.

Hack le débat

La réappropriation des débats constitue également une volonté des équipes présentes lors de ce hackathon civique.

L’application Criée nationale met en scène une Assemblée nationale virtuelle où le citoyen peut interpeller les candidats via une interface de discussion. L’interface, qui requiert quand même un modérateur issu des rangs de chaque candidat, nécessite encore un développement. Léonard, membre de l’équipe qui a mis au point l’applcation, insiste sur la motivation qui l’anime : “cet outil permet de redonner la parole au citoyen et d’interroger les candidats“. Un projet ambitieux inspiré du jeu Second Life, où l’internaute, à travers un avatar, peut se déplacer comme dans le jeu Zelda, rencontrer un candidat, lui poser des question et continuer la discussion avec d’autres internautes dans des salons de discussion. Un design en 2D et un peu old school mais qui facilite la navigation dans cette agora politique virtuelle.

Équipe de l'application "A VOTER"(cc) Ophelia Noor pour Owni

Autre projet de qualité : Democrazy. La question du mode de scrutin est peu évoquée dans les débats médiatiques. Pourtant l’équipe de Democrazy en a fait le pilier de sa réflexion. Une démarche qui s’éloigne des autres applications : ici, l’équipe a conçu un outil qui permet d’expérimenter cinq modes de scrutin à partir d’un même suffrage. Stan, membre de Democrazy rappelle que leur démarche “s’appuie sur un raisonnement de Kenneth Arrow qui note [PDF, en anglais] que tout mode de scrutin est injuste“. Ce prix Nobel d’économie en 1972 et adepte du learning by doing (apprendre en faisant), a ainsi inspiré la création d’une application originale qui montre que le choix d’un mode de scrutin peut influencer les résultats électoraux.

Enfin Benjamin Lan Sun, développeur de l’API de Voxe, a également planché une partie du week-end sur le code de WeVoxe, une application utilisable depuis un compte Facebook. Il explique que “Wevoxe permet aux citoyens de comprendre quel est le candidat le plus proche de ses convictions“. A l’usage, l’outil s’avère facile à manier et propose de donner sa position et un avis sur les propositions des programmes de chaque candidat.

Présentation des applications en fin de journée dimanche - (cc) Ophelia Noor pour Owni

Un week-end riche en inventivité et en innovations, qui prouve que la mise à disposition d’un tel comparateur de programmes politiques favorise la création et l’empowerment, autour de technologies citoyennes. Certaines équipes n’auront pas fini leur projet mais le hackathon se poursuit : l’équipe de Voxe remettra des prix aux participants de “Hack the Elections” lors d’un événement organisé par l’association Mash Up, le 3 avril prochain à l’école Epitech. En espérant le même succès que pour cette première partie.


Photographies par Ophelia Noor pour Owni /-)
Toutes les photos dans l’application, ici.

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