OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Grand prix de la répression http://owni.fr/2012/06/19/quebec-canada-manifestations-prix/ http://owni.fr/2012/06/19/quebec-canada-manifestations-prix/#comments Tue, 19 Jun 2012 13:03:10 +0000 Anaïs Richardin http://owni.fr/?p=113618

Police montée québécoise. Photo Xddrox

Lors du Grand prix de Formule 1 qui s’est tenu dimanche 10 juin à Montréal, les dispositifs policiers ont été renforcés pour tenir les manifestants à distance du lieu de l’événement et éviter toute perturbation. Protestant contre la hausse programmée des frais de scolarité et contre la liberticide loi 78 limitant leur droit de manifester, de nombreux contestataires mais aussi citoyens lambda se sont vu interdire l’accès à certaines stations de métro ainsi qu’au parc jouxtant le circuit. En un week-end, 139 personnes ont ainsi été arrêtées, dont 34 pour la seule journée du dimanche 10 juin. Sans compter le nombre de personnes gentiment -mais fermement- reconduites au métro par une escorte policière.

Depuis l’arrêt des négociations entre le gouvernement Charest et les associations étudiantes le 31 mai, le conflit s’enlise. Certains manifestants s’étaient donné rendez-vous dimanche pour tenter de perturber le trafic en utilisant la ligne jaune du métro desservant le lieu du Grand Prix.

Le Québec vibre

Le Québec vibre

Le Québec tranquille c'est fini. La Belle Province se rebelle avec force, dans la rue et sur les réseaux, contre des ...

Profilage politique

Une tentative de manifestation contrée par la police qui a employé les grands moyens pour évacuer les jeunes du métro et du parc Jean Drapeau. Depuis, les témoignages de cette journée circulent massivement sur internet laissant penser que les agents du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) étaient à l’affut de toute personne arborant le symbole de la contestation : un carré rouge, ou un quelconque accessoire du kit du manifestant comme des lunettes de ski (permettant de marcher incognito sans pour autant contrevenir au règlement de la ville de Montréal qui interdit de manifester le visage couvert) un sac à dos, ou même le roman 1984 de George Orwell. De nombreuses personnes dénoncent dans la méthode d’arrestation un profilage politique. Une accusation réfutée par le directeur de la police de Montréal Marc Parent lors d’une conférence de presse lundi 11 juin :

Des usagers du métro se sont fait demander qu’on puisse fouiller leurs sacs. Il y en a eu une cinquantaine. La moitié ou plus n’avait pas de carré rouge. Et certains qui avaient un carré rouge sont entrés sur le site. Il n’y avait pas de fouille et d’intervention systémique sur les gens au carré rouge.

Nous nous sommes entretenus avec Ian Lafrenière, porte-parole du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) qui conteste également cette version des faits :

Les personnes arrêtées de manière préventive sont des gens reconnus comme ayant participé à des manifestations violentes. Sur 180 000 personnes ce jour-là, seules 34 ont été arrêtées. Et sur les 250 000 personnes qui ont transité par le métro, seules 50 ont été dirigées vers la sortie.

Louve PB, de son vrai nom Virginie Bergeron, réfute ce motif d’arrestations. Dans un témoignage publié sur sa page Facebook, elle raconte avoir pris le métro pour se rendre au parc, sans porter de carré rouge, afin de passer inaperçue :

J’avais décidé de ne pas porter de carré rouge. Ni noir. En fait j’avais mis ce que j’avais apporté de plus candide. Une petite robe bleue et des sandales lacées. J’avais mon sac à dos rouge.

Tentative avortée, elle est arrêtée au bout de quelques minutes dans le métro. Escortée par les policiers, elle est alors obligée de prendre une rame en sens inverse pour retourner dans le centre de Montréal, où un comité d’accueil policier l’attend là aussi :

Une policière nous attend et nous dit que si on nous revoit dans une sation de métro, on va être arrêtés.

Pour la jeune femme, le profilage est donc bien réel, toute personne jeune arborant la couleur rouge et n’ayant pas de billets pour le Grand prix étant d’emblée déclarée persona non grata :

De ce que j’ai vu, les gens comme moi se faisaient arrêter à tout vent, on ne m’a jamais demandé de m’identifier. Du moment que j’ai dit que je n’avais pas mes billets je n’avais “pas d’affaire là” (rien à faire là, NDLR) et j’étais évacuée comme si j’avais commis une infraction

Deux journalistes qui étaient ce jour-là en immersion, portaient chacun une pièce de couleur rouge ainsi qu’un foulard et un sac à dos, laissant penser qu’ils étaient manifestants. À peine arrivés dans le métro, des agents demandent à fouiller leurs sacs mais les laissent monter dans la rame. Arrivés au parc du Grand prix, ils rebroussent chemin devant la forte présence policière mais se font arrêter avant de pouvoir regagner la bouche la plus proche, alors qu’ils discutent avec François Arguin, un citoyen qui filme, dit-il, toutes les manifestations. Ils racontent leur périple dans un article paru sur le devoir.com :

Deuxième fouille, donc, en moins de quinze minutes. Un groupe d’agent est formé autour de Raphaël Dallaire Ferland et Catherine Lalonde, un autre autour de François Arguin. Ils sont, en tout, seize agents pour trois individus. L’attitude, pour la même intervention, est beaucoup, beaucoup plus nerveuse que celle adoptée par les agents qui patrouillaient le métro. Les journalistes coopèrent, mais retournent une question pour chacune qu’on leur pose. Pourquoi nous fouiller? “Parce que vous arborez un signe révolutionnaire”, répondra un agent, visiblement excédé, “pis parce que je suis tanné du monde comme vous.”

Menaces fantômes

Ian Lafrenière, nous a expliqué que suite à certaines menaces et tentatives d’intimidation le SPVM avait décidé pour la sécurité de tous d’accroître la présence policière. Allusion à une phrase qui circula massivement lors des manifestations, faisant craindre un rassemblement important :

Charest tu ris mais check bien ton Grand prix.

En prévisions d’éventuelles violences, le SPVM avait donc massivement placé des agents sur la ligne jaune du métro jusqu’à l’entrée du circuit. Entre interpellations, arrestations et fouilles, 21 personnes ont même été placées en détention dans un bus, garé en plein soleil, qui les a reconduit en ville. Une arrestation dont une victime de la répression policière fait le récit :

Nous (les 21 citoyens détenus, NDLR) avons passé plus de trois heures dans le bus (un véhicule de la Société de transport de Montréal affrété pour l’occasion, NDLR), pour un total de quatre heures de détention, sans jamais avoir d’explications. J’ajoute d’autre part qu’à aucun moment nos droits ne nous ont été lus, bien que nous l’ayons réclamé à plusieurs reprises ; le seul droit qui me fut énoncé est l’absurde « droit de garder le silence » qui ressemblait davantage à un « ta gueule » à peine camouflé.

Nul n’est censé ignorer (ni bafouer) la loi

La manière dont les arrestations sont orchestrées suscite le débat. Les policiers ne semblent pas avoir de méthode précise, prenant pour cible des personnes qui leurs semblent sensibles et bafouant le code de déontologie des policiers du Québec.

Les citoyens sont bien décidés à ne pas rester muets face à une telle situation. Si bien que la police est aujourd’hui la cible d’attaques récurrentes. Anonymous a ainsi piraté les mails de 11 000 policiers la semaine dernière, publiant les listes d’adresses privées ainsi que le nom et le matricule des agents. Tandis que Moïse Marcoux-Chabot, un documentariste engagé dans le mouvement depuis ses débuts a réalisé un minutieux travail de documentation sur sa page Facebook. Il a relevé tous les articles de loi relatifs aux arrestations et s’est intéressé à la jurisprudence pour prouver que ces actions étaient illégales et abusives.

Cet intérêt pour la loi donne aussi aux citoyens les moyens de se défendre et les policiers se retrouvent bien souvent face à des personnes qui connaissent leurs droits et ne se démontent pas. Les détenus ne cessent ainsi de questionner les policiers sur leur arrestation. Le détenu du bus relate qu’il n’obtiendra aucune réponse en quatre heures de détention, si ce n’est la justification évasive de sa détention par l’article 31 du code criminel :

La seule raison légale de notre situation fut l’article 31 (1) du code criminel, sans que jamais ne soit précisé ce qui aurait pu les pousser à croire que nous allions troubler la paix.

L’alinéa 1 de l’article 31 stipule en effet qu’ « un agent de la paix qui est témoin d’une violation de la paix, comme toute personne qui lui prête légalement main-forte, est fondé à arrêter un individu qu’il trouve en train de commettre la violation de la paix ou qu’il croit, pour des motifs raisonnables, être sur le point d’y prendre part ou de la renouveler ».

Que constituent des « motifs raisonnables » ? Porter un sac à dos, comme cet enfant de cinq ans qui a du tendre son sac à un policier pour qu’il le fouille ? Ou même un foulard rouge comme Raphaël Dallaire Ferland, ce journaliste parti en reportage incognito dimanche?
Mais les arrestations préventives, qui ne sont  fondées que sur la conviction qu’une personne va commettre un délit, ne s’arrêtent pas là. Les personnes arrêtées sont fouillées, et leurs effets personnels parfois confisqués et altérés comme en témoigne François Arguin. Arrêté dimanche alors qu’il discutait à la sortie du métro avec les deux journalistes, il a été menotté, questionné et s’est vu saisir ses effets personnels, dont la caméra avec laquelle il filmait, avant que les policiers le relâchent après le contrôle d’identité:

On nous annonce que nous allons être escortés en dehors du site et on me remet ma camera, après avoir effacé toute la séquence vidéo d’évènements qui ont précédé notre interpellation, le harcèlement dont j’ai été victime et de la documentation des bris de mes droits fondamentaux de citoyen. C’est a dire profiter d’une journée du samedi a me promener au Parc Jean-Drapeau et filmer sans me faire harceler, insulter, menotter et expulser du parc sans raison par des policiers.

Les policiers se sont emparés de sa caméra pour en effacer le contenu, ce qui est arrivé à de nombreuses autres personnes. Des actes rapportés à Ian Lafrenière en début de semaine et qu’il ne comprend pas :

Ça me surprend beaucoup que les images aient été effacées. puisqu’il y a des caméras partout, des citoyens avec leurs téléphones et aussi les caméras de Radio Canada.

Les images circuleraient donc quoi qu’il arrive. Et quelles images. Cette vidéo de Radio Canada montre que les policiers sont sur les dents et font parfois preuve d’une brutalité qui ne semble pas nécessaire.

Enquête et surveillance

En théorie, l’état-major doit être informé de tout ce qui se passe sur le terrain. Mais face au comportement de certains agents, le SPVM dit avoir lancé des vérifications. Une enquête nécessaire pour faire disparaitre cette impression que les agents peuvent agir en toute impunité. Ian Lafrenière, lui, nous explique que les manifestants sont les auteurs d’une véritable campagne de désinformation :

On ne se bat pas à armes égales, nous de notre coté on se bat avec des faits. Nous faisons des vérifications et des contre-vérifications. On a entendu pendant des jours qu’un homme avait été tué par le SPVM. On a envoyé une équipe à la morgue et au final c’est un journaliste qui a retrouvé la personne, chez elle, bien vivante.

Les témoignages sont parfois à prendre avec des pincettes, mais lorsque beaucoup d’entre eux concordent, y compris avec ceux de journalistes sur place, le doute n’est plus possible. Aujourd’hui, des associations de victimes sont bien décidées à ne pas en rester là. Le comité légal de la CLASSE a ainsi annoncé sur une page Facebook dédiée, être à la recherche de témoins pour un recours judiciaire. De nombreux Québecois dénoncent sur les réseaux la montée en puissance de cet État policier à l’aide de vidéos, comme MrTherio6 qui a lancé sa chaine Youtube agrégeant les vidéos montrant la brutalité policière au Québec.

Cette vigilance des citoyens -copwatching-, s’est accrue depuis la répression massive des manifestations lors du G20 de 2009 à Toronto, mais elle ne semble pas être un problème pour Ian Lafrenière :

Une surveillance est souhaitée et souhaitable donc c’est bien qu’ils nous surveillent, mais il y a une différence entre la surveillance et la désinformation. En tout cas, une cohabitation est nécessaire.

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Le Québec vibre http://owni.fr/2012/05/22/le-quebec-vibre/ http://owni.fr/2012/05/22/le-quebec-vibre/#comments Tue, 22 May 2012 16:14:22 +0000 Anaïs Richardin http://owni.fr/?p=110927

100. C’est le nombre de jours qui se sont écoulés depuis qu’a débuté le “printemps érable”, ce mouvement des étudiants québécois contre l’augmentation programmée de leurs frais de scolarité. D’ici 2017, ils pourraient ainsi passer de 2 168 dollars à 3 793 dollars par an, soit une augmentation de 75%.

Mais depuis vendredi, la contestation s’est étendue à toute la population, suite à la promulgation d’une loi spéciale.  Votée après vingt-et-une heures de débat, la loi 78 vise à limiter toute manifestation et à éradiquer les piquets de grève devant les établissements universitaires, jusqu’en juillet 2013. Les organisateurs de manifestations sont désormais tenus de prévenir huit heures à l’avance les autorités pour tout événement rassemblant plus de cinquante personnes. Ils doivent en communiquer le parcours ainsi que la durée. Rien que nous ne connaissions déjà en France.

Mais pour les Québécois, très syndiqués, cette mesure, qui vise en premier lieu à museler les étudiants, prive surtout la population dans sa globalité de sa liberté d’expression et de sa liberté d’association. En cas de non-respect de la loi, les sanctions sont drastiques : de 1 000 à 7 000 dollars d’amende pour un individu et jusqu’à 125 000 dollars pour une association. Pour Moïse Marcoux-Chabot, documentariste québécois, cette loi censée ramener l’ordre a eu l’effet inverse :

Supposée ramener l’ordre, cette loi est aujourd’hui en passe de devenir l’objet et la motivation principale de la manifestation.

Au lendemain de la promulgation de la loi, la 27ème manifestation nocturne (et consécutive) des étudiants était déclarée illégale par le service de police de la ville de Montréal, dix minutes après avoir commencé. La situation a rapidement tourné au grabuge : trois cents arrestations, une dizaine de blessés dont un blessé grave dénombrés le lendemain.

Brutalités

De nombreux journalistes ont été arrêtés avant d’être finalement relâchés une fois leur identité vérifiée. Un soulèvement et une répression sans précédent au Québec, réputée pour être du coté tranquille de la force. Et c’est par le biais d’un tweet que les manifestants ont vite été prévenus de l’illégalité de leur mouvement :

Aujourd’hui, manifestants et forces de police s’affrontent dans les rues comme sur les réseaux. La police de Montréal, déjà très présente sur Twitter, live-tweete les actions de ses brigades et le parcours des manifestants. À chaque manifestation nocturne, les messages de 140 signes s’enchainent, rassurent, dédramatisent, informent ou désinforment les 29 000 twittos qui suivent le compte @spvm. Les questions abondent et les accusations de brutalité policières pleuvent. Des accusations qui ne nous étonneraient pas en France où la défiance à l’égard des forces policières est fort, mais au Québec, où la confiance est maitresse, ces messages courts et incisifs semblent montrer un basculement progressif de l’opinion vis-à-vis des forces de police.

En cause, les dispositifs de sousveillance ou copwatching (consistant à surveiller les surveillants) gérés par de nombreux manifestants qui publient des vidéos, parfois sans contexte, montrant le comportement agressif de certains policiers. Sur Facebook, une vidéothèque a même été montée, alimentée par les 410 membres pour inciter les grands médias à parler de ces dérapages. Si les sources et le contexte sont insuffisants, les vidéos sont explicites : coups de matraques, voiture de police vs manifestants, et usage abusif de bombes lacrymogènes sur des manifestants certes un peu provocateurs mais pas agressifs. Cette page Facebook illustre bien la désobéissance qui peut naitre sur internet, selon le concept d’”electronic civil disobedience” (ECD), qui a émergé dans les années 90.

Sur Twitter, les mêmes hashtags #manifencours #GGI (Grève Générale Illimitée) sont utilisés à la fois par les manifestants et par les forces de police. Pourtant, le risque d’une utilisation des tweets par la police pour tracer et sanctionner les manifestants n’est pas à écarter. Une méthode laissée cependant à l’appréciation du juge comme l’indique la nouvelle ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, qui a remplacé au pied levé Line Beauchamp après sa démission :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Loi matraque

Face à la probable instrumentalisation judiciaire de Twitter, @leclown, un twittos français a décidé de contourner la législation et d’offrir aux Québécois un espace de parole bien chaud, protégé et anonyme. Le compte @manifencoursQbc propose ainsi depuis lundi de retwitter anonymement les messages privés qui lui sont envoyés. Pour le moment, seuls 372 utilisateurs se servent de ce robot. Si les utilisateurs de Twitter ne semblent pas inquiets, l’épluchage du réseau par la police est tout à fait envisageable pour @leClown :

Un grand nombre de personnes dévoilent leur véritable identité sur Twitter et je suppose que cela peut faciliter le travail d’une police déterminée à identifier les personnes diffusant des messages allant a l’encontre de l’ordre établi. Les réseaux sociaux peuvent être légalement passés au peigne fin. C’est cela qui m’a incité a créer le robot manifencoursqbc

Facebook et Blackberry tout contre les émeutiers

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Déterminé à punir tous les casseurs du Royaume-Uni, le gouvernement britannique pourrait profiter de l'aubaine pour ...

Ses craintes sont étayées par des précédents récents puisque des réseaux sociaux ont déjà été utilisés pour condamner des manifestants. Lors des émeutes de l’été dernier au Royaume-uni, la Metropolitan Police a épluché les conversations Blackberry des émeutiers. Une dérive très Big brother qui, au Québec, n’écorne pas la détermination des manifestations à utiliser Internet.

Amir Khadir, député de Québec solidaire, un parti qui tend vers l’extrême gauche, a dénoncé la loi spéciale, surnommée “Loi matraque” et a appelé la population à “réfléchir à la possibilité de désobéir à cette loi de manière pacifique”. Le site arretezmoiquelqu’un.com agrège ainsi les photos des “désobéissants”. Lancée hier soir, 2 728 personnes ont déjà participé à cette opération, et le site ne cesse d’enregistrer de nouvelles contributions.

Des Anonymous ont apporté leur soutien en publiant deux vidéos–communiqués intitulées “OpQuébec” et diffusées sur YouTube depuis ce week-end.  Au vu de l’usage de termes français et non québécois, elles ne semblent pas avoir été créées par une frange québécoise du collectif informel, comme l’analyse Florent Daudens sur Radiocanada.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Devise

Devant l’entrave à la liberté d’association et d’expression que constitue la loi 78, des Anonymous ont appliqué leurs sanctions habituelles. Ce lundi, le site Internet du ministère de la Sécurité publique du Québec, ainsi que celui de la Déontologie policière ont été “défaçés”. Ainsi, en lieu et place du site d’origine, on pouvait lire la devise Anonymous sur fond blanc :

Attaque DDos d'Anonymous

Cette grève étudiante est la plus importante que le pays ait connu avec un pic de  200 000 à 300 000 manifestants (pour sept millions d’habitants) qui ont défilé dans les rues de Montréal le 22 mars 2012, attirant les médias internationaux. Laquelle a récemment trouvé un second souffle dans la fronde grandissante des rues québécoises depuis samedi. En soutien, de nombreux rassemblements sont organisés aujourd’hui à New York ou à Paris, comme l’indique Occupy Paris sur son compte Twitter.

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Visite guidée d’une studette parisienne http://owni.fr/2011/04/01/visite-guidee-dune-studette-parisienne/ http://owni.fr/2011/04/01/visite-guidee-dune-studette-parisienne/#comments Fri, 01 Apr 2011 10:43:50 +0000 Seb Musset http://owni.fr/?p=54720 À l’abondante rubrique du WTF de l’immobilier parisien, où la démence spéculative côtoie en toute quiétude le scandale sanitaire, ma dernière expédition dans un deux-pièces des beaux quartiers mérite son entrée au Top 5 des plus belles escroqueries visitées. On ne remplace pas dix ans d’expérience. Ayant rendez-vous à 18 heures, j’arrive à 18h15. Rien ne sert de se presser pour louer. Face au candidat locataire, l’agent immobilier débarque systématiquement un quart d’heure en retard avec comme seule excuse sa nonchalance overbookée qu’il accompagne dans les grands jours d’empathie d’un « hi, hi, la circulation vous savez ce que c’est ».

Ils sont vingt-cinq alignés en rang d’oignon contre le mur ombragé de la jolie rue sans vie de l’arrondissement à la pierre précieuse. Ils ont entre 25 et 40 ans, une chemise cartonnée de couleur sous le bras avec deux élastiques. Au terme des dépôts de garantie, des pièces à conviction et, bientôt, des analyses ADN à livrer : un seul vaincra, peut-être. Pour le moment, ils s’ignorent, perdus dans la consultation de leur jouet (taux de pénétration de l’appareil Heil Phone sur ce côté de la rue : 90%). Moi j’ai un Nokia tout pourri des années 2008, obsolète, mais, au bout de 30 secondes, je reçois un appel avec quelqu’un qui me parle au bout et ça, ça en jette.  On s’estime, on se scanne, on se jauge.

Chacun tapisse la honte d’avoir encore à patienter pour se loger à son âge de sa réconfortante sérénité de jeune précaire rompu à la galère. Chomdu, malbouffe, précariat et études refuges, au fil des déconvenues, chacun ici a développé une contemplative méditation sociale qui en a fait un esprit tolérant, lumineux, mature et inspiré. Hey, putain les mecs, vous êtes fiers de vos groles de Bozo ! Merde ça a rime à quoi ces ridicules chaussures à pointe en faux cuir pour commercial en stores ! Oui, le candidat est un loup pour le prétendant. Vaine tentative de déstabilisation, revenons à nos moutons.

J’ai des principes. D’habitude, je ne me déplace jamais pour ce genre d’annonces publiées sans photo, estimant qu’avec des « frais d’agence » tournant entre 1.000 et 1.500 euros, ces abuseurs de maman pourraient s’acheter un Coolpix à 150 euros et cracher au prétendant un ou deux .jpeg. Mais non, à l’heure des écrans et des images partout, tout le temps, à Paris l’annonce immobilière illustrée reste encore l’exception.

Tout y est « joli », « charmant » ou « proche métro »

Trop en montrer serait explicitement revendiquer l’escroquerie, une sorte de flagrant délit pictural sur des offres oscillant entre offense et indécence. Limite ça pourrait foutre la honte à l’agence, tu vois ? Il faut donc capitonner les annonces. Tout y est « joli », « charmant » ou « proche métro » (grosse méfiance quand tu retrouves les trois ensembles). Sur la vitrine de l’agence, les loyers élevés rassurent les investisseurs. « Si ça se loue à ce prix là, dit Simone à Robert venant d’empocher l’héritage de l’arrière-grand-père net d’impôt, c’est qu’il faut acheter pour louer encore plus cher ! » Matériel publicitaire pour la bulle spéculative, en attendant que ça krache, les prix élevés à la location contribuent à maintenir artificiellement la cote (nous constatons sur Paris que de plus en plus d’ annonces de location tournent des mois sans trouver preneur).

Ce n’est donc que lorsque le candidat à la loc’ appelle l’agent pour convenir d’un rendez-vous que le ton se durcit. Il passe un premier casting téléphonique à la sauce “nouvelle star”, à base de “vous avez des garants qui sont propriétaires” et « vous gagnez 3,3 X le montant du loyer ». Après les mensonges d’usage, le candidat décroche enfin le rendez-vous et peut découvrir la réalité immobilière de la location parisienne : les  « immeubles modernes » datant de 1910, les 3 pièces se transformant en 2 pièces, les 2 pièces virant duplex, des duplex devenant studios aux charges qui doublent. S’ajoutent, quelques douceurs sur le cake à pognon : des frais divers plus ou moins légaux (trimestres payables d’avance, état des lieux payant, taxes diverses…).

Mais bon, bref, nous n’en sommes pas encore là. Il fait beau, je suis de bonne humeur, et de toutes les façons on va tous crever à cause d’une overdose de panaché, donc me voilà comme un niais à faire la queue avec les autres alléchés par l’annonce :

2 pièces atypique 50m2 dans charmant immeuble de standing. Joli appartement. en partie mansardée. Très clair au 4ème étage sans ascenseur. Accès entrée par petit escalier intérieur. Un séjour avec cuisine équipée. 1 chambre. Salle d’eau avec WC. Parquet. 1170 euros. Honoraires 1170 euros.

18h20. Après avoir renversé trois poubelles, un Vélib’ et deux poussettes pour se garer de travers sur une place handicapé avec sa Smart cabossée, l’agente arrive enfin :

- Hi, hi, c’est compliqué de se garer dans ce quartier. Bon on va vous faire rentrer 3 par 3 ce sera plus simple.

Rupture d’ambiance. Terminée la neutralité bienveillante. Chacun n’épie plus figé la coque amovible du mobile d’autrui (j’aime beaucoup cette phrase). Les candidats passent en phase « c’est moi le premier ».  À la suite de l’agente aux clés, la procession des déclassés grimpe l’escalier du  « charmant immeuble de standing ». Premier étage, une société sans salarié. Deuxième étage, une société sans employé. Là, un cabinet d’avocats, spécialiste en immobilier. Là, un dentiste fermé. Ah, Paris… son brassage de population, sa mixité sociale et son dynamisme ! L’ascension se poursuit sur six étages et non sur quatre comme mentionné. Et, six étages d’un  « charmant immeuble de standing parisien », ça veut dire douze en langage de terrien. Les larges marches en bois usé de ces bâtisses antiques cirées jusqu’à l’abus du lisse compromettent l’odyssée, surtout celle des hommes en chaussures en faux cuir à pointe qui dérapent dans les virages. À l’aube du sixième niveau, on tousse, on halète, les étudiants les plus endurants tablent déjà sur quelques défections féminines. On entend des plaintes en espagnol, en bavarois et même en japonais. Mais rien n’y fait, toutes tiennent bon. Ils atteindront le pied-à-terre promis.

Je m’agrippe à la barre, de plus en plus branlante au fil de la montée. Les murs s’assombrissent, s’auréolent d’humidité, les matériaux semblent maintenant de moins bonne qualité. Je tente d’en décourager quelques-uns en lançant un  « nous n’aurions pas du tous grimper en même temps, la rampe va céder » dont l’écho de terreur file sur la cuirasse en titane des soldats de  seloger.com comme une soirée électorale de défaite UMP sur TF1. Les marches étroites resserrent les sueurs des aspirants locataires. On ne peut désormais plus faire marche arrière, sans entraîner la glissade générale. La conquête du dernier niveau se joue sur un ajout rouillé : un escalier de service en colimaçon, modèle phare de l’angoisse. En cas d’incendie, pour les habitants de ces lieux qui, à l’instar de la vétusté de leurs installations électriques, atteignent des sommets, c’est le gage d’un bon barbecue où ils feront office de pigeons braisés.

Dernier étage : un parterre de poussière sous les toits fleurant bon le courant d’air continu l’hiver et la cuisson à l’étuvée dès le 1er mai. Ceci explique mieux le label « Bah on sait pas » du bilan énergétique publié sous l’annonce.

« Nous y voilà » fanfaronne l’agente. Vous allez voir c’est atypique. »

Appelle-nous jeunesse aux rêves plats, mais, dans cette capitale où tout est facilement  « atypique », on en vient à souhaiter du quelconque : une cuisine, des vrais WC, un lit qui ne soit pas à plier, un loyer à trois chiffres. La porte d’entrée se confondrait aisément avec celle du vide-ordures si seulement l’immeuble disposait d’une telle technologie. Le dormant de la porte en balsa écrête à 1m50 et il faut littéralement se plier en deux pour le passer. «Atypique » en effet. Mal foutu eût été plus à propos. Mais il faut en plus pour flétrir les durs à cuire de ma génération rodés à bosser pour rien, vivre à genoux, bouffer du Lideule et mater du Carré Viip en se lamentant sur le Net que la télé c’est trop abusé ! Ayant laissé ma place aux quinze premiers, je ne perçois des premières visites que pouffades et échos agacés.

Vim Diesel, en blouson de motard, sort de là avec sa Michelle Rodriguez.
« – Non mais c’est une blague !
- Je t’avais dit que c’était un loi Carrez. »

Jean-Gonzague, thésard en tubulure de la structure séquencée des théorèmes du têtard, prend ça avec philosophie :

«- C’est mignon. »

Le Schpountz 2.0 monté à la ville pour son CAP MacDo y va franco :
« – ‘Té, c’est de la merde ! À ce prix-là chez moi, j’ai une ferme avec le tracteur et les vaches ! »

Les comptes-rendus détendent l’atmosphère, désintoxiquant la cage d’escalier de son taux de compétition. N’empêche, j’ai attendu dix minutes, gravi l’Annapurna au péril de ma vie sur des marches O Cedar : pas question de céder à l’orée du repaire des Minimoys. C’est mon tour. Je suis accompagné de deux baraques allemandes, Zadig et Micromegas. Et c’est tout naturellement que nous pénétrons à quatre pattes, tel le centipede [en], dans l’appartement proposé à la location à un tarif avoisinant celui du salaire médian.  Entrée en matière avec un premier coup de boule dans une poutre : si près du Panthéon et pas de place pour les grands hommes. L’étape éliminatrice de la porte d’entrée franchie, les grands gaillards ne se laissent pas émerveiller par le parquet stratifié flambant neuf, ne succombent pas l’enivrement des senteurs de peinture fraîche (hou la la au moins 200 euros de travaux) et surtout, surtout, prennent garde au dénivelé. L’appartement (enfin ce qu’à ce stade nous croyons encore être un appartement) se situe 60 centimètres en contre bas de la porte d’entrée. Ce truc en moins, c’est le petit plus. Va savoir, les soirs de forte pluie, le locataire sélectionné (après présentation d’un dossier validé par le FMI) bénéficiera peut-être d’une piscine sous les toits. Ce qui, tu en conviens, est le comble du luxe parisien.

A notre droite, là où l’agente attend la remise des dossiers, sa rente et ses honoraires, se situe une « pièce » de 5m2. Espace inutile et inutilisable, dans l’épingle à cheveux, séparant le tunnel de passe-partout de son appartement ou, plutôt, de son sarcophage pyramidal à la gloire du pharaon tout-en-arnaque : « mansardé » étant, de loin, le moins mensonger des mots du message.

Zadig, Micromegas et moi sommes pris d’effroi. Nous appréhendons bien mieux les commentaires désabusés de Diesel à sa belle. Nous sommes ici en présence d’une double “chambre de bonne” en enfilade sous un toit en pointe. Les 50m2 au sol correspondent au final à un 22m2, « habitable » sur sa seule longueur centrale. Enfin… à condition de faire moins d’un 1m60. Je ne peux pour ma part me déplacer que sur un espace correspondant à la largeur de mes bras tendus, le long des 7 mètres reliant la cuisine (où il convient de faire bouillir ses pâtes accroupi) à la « suite parentale » (où le « vivons heureux, vivons couchés » n’est pas une phrase en l’air). Je ne sais pas trop ce qu’en pense Zadig, mon collègue berlinois. Culminant à 2m03, sa tête sort de l’appartement par la fenêtre de toit :

ZADIG face en offrande aux fientes.

Was ist das ?

Non, honnêtement, c’est étriqué. La seule pièce verticalement vivable reste « la salle d’eau » et ça n’a rien de Versailles. Dans ce réduit de 4m2, il faut enjamber les toilettes (sans passer à travers) pour se doucher. Problème si l’on peut s’y laver en longueur, on ne peut s’y soulager en largeur : toute personne présentant un ratio taille / poids hors des critères de la double page centrale d’Anorexia magazine n’aura qu’à aller faire caca chez l’avocat. Et si d’aventure, le prétendant un peu enveloppé réussissait son entrée dans « la salle d’eau », il prendrait le risque de ne plus pouvoir s’en extirper. Ce qui, à cette altitude dans l’immeuble inhabité et pour peu qu’il ait oublié son heil-phone sur la table (basse forcément), peut vite virer au faits-divers de merde.

L’agente :

Vite, vite je suis pressée : j’ai pas mis de ticket à ma Smart !

Et radine avec ça. L’aller-retour de la cuisine à la chambre est expéditif. Zad et Micro, pas plus que les visiteurs d’avant ni ceux d’après ne déposent de candidature. Même avec des chaussures de clown, on a encore un semblant de dignité. Et parlons chiffres : je suis formel, un autobus blindé de rugbymen est plus spacieux. Avant d’être inlouable, la chose est d’abord inhabitable au-delà de l’âge de 7 ans. Redescendant en rappel avec mes camarades d’infortune, j’en viens même à me demander quel esprit débile, possédé par l’appât du gain, la Leroy-Merlinmania et la folie des grandeurs inversée, a pu investir pour refaire à neuf cette chose de haute altitude qui, au mieux, se prête pour dépanner. Ce mètre carré hors de prix du centre de Paris ne vaut objectivement rien.

On y a oublié une chose : l’humain.

> Article publié initialement sur le blog de SebMusset sous le titre Paris : l’immobilier en pointe

> Illustrations Flickr CC Xo-Mox, Rafaël Garcia-Suarez et Fred Panassac


> Vous pouvez retrouver l’ensemble du dossier logement avec Les ghettos de riches mettent les pauvres au ban, Cherche HLM dans le 16e arrondissement et Se sentir “chez soi” à Paris.
Crédit photo Guillaume Lemoine CC-BY-NC-SA et design par Ophelia

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http://owni.fr/2011/04/01/visite-guidee-dune-studette-parisienne/feed/ 40
Etudiants Free movers: voir le monde… et revenir ! http://owni.fr/2010/11/25/etudiants-%c2%abfree-movers%c2%bb-le-meilleur-de-la-mondialisation-mais-sans-letranger-mondialisation-expatriation/ http://owni.fr/2010/11/25/etudiants-%c2%abfree-movers%c2%bb-le-meilleur-de-la-mondialisation-mais-sans-letranger-mondialisation-expatriation/#comments Thu, 25 Nov 2010 16:20:25 +0000 Denis Colombi (Une heure de peine) http://owni.fr/?p=37281 Il y a quelques temps, Envoyé Spécial diffusait un reportage consacré aux « free movers » (on peut encore le voir ici). Kezako ? J’avoue l’avoir appris moi-même en regardant la chose. Les free movers, ce sont des étudiants qui iraient faire leurs études à l’étranger, en dehors du cadre de l’échange universitaire type « Erasmus ». Penchons-nous sur ces parcours pour voir ce qu’ils nous disent de la mondialisation.

Dans « free movers », il y a free. Outre que ce soit là le nom d’une compagnie bien connus pour ses délais approximatifs et ses publicités qui ne le sont pas moins, ce terme veut dire, je ne l’apprendrais pas à mes lecteurs, « libre ». Nos étudiants seraient donc libres de leurs mouvements puisqu’ils se placent à l’extérieur de la contrainte de l’échange universitaire. L’expression concentre à elle seule une bonne partie de la présentation classique des mobilités internationales : partir à l’étranger, ce serait faire preuve de liberté, ce serait saisir courageusement une opportunité bien meilleure qui se présenterait par delà les frontières, ce serait accomplir, en un mot, sa liberté.

Enfin, si vous êtes occidental, riche et, dans la mesure du possible, blanc. Si vous êtes africain ou latino ou chinois ou autre, partir à l’étranger, ce n’est plus du tout cela, c’est soit le résultat d’un poids incommensurable des contraintes sur vos frêles épaules – le poids de la pauvreté ou celui de l’Etat totalitaire – soit une tentative plus ou moins larvée d’envahissement.

L’expatriation comme motif de critique de la France

Le reportage de Envoyé spécial empruntait, comme on pouvait s’y attendre, beaucoup à la première présentation, plutôt héroïsée, des mobilités internationales. Même s’ils faisaient face à des « blocages » de la société française, que ce soit l’obligation de passer par la difficile épreuve de la classe préparatoire pour accéder à une école de commerce ou un numerus clausus beaucoup trop bas pour les professions médicales, les étudiants suivis par les journalistes étaient présentées comme des innovateurs ayant habilement trouvé une nouvelle solution. L’idée d’une grande liberté de mouvement est omniprésente : le monde s’ouvre à vous, aux audacieux d’en profiter.

Ce point est particulièrement visible dans le début du reportage où l’on suit les pas d’une jeune bachelière tout heureuse d’intégrer HEC Montréal. Les journalistes filment et reprennent à leur compte, et à celui de leurs spectateurs, ses différents émois : « oh la la : nous avons des ordinateurs, on aurait pas ça en France », « oh la la : on a des cours où l’on est pas 500 dans l’amphi, c’est impossible en France », « oh mon dieu, on peut participer à des associations dans l’école et c’est valorisé par les employeurs, vous imaginez ça en France », bien sûr que non, les Français, ah ah ah… Parfois, je l’avoue, j’aimerais que certains journalistes fassent le boulot pour lequel ils sont payés. Parce que les écoles de commerce française (fort chères au demeurant) proposent des équipements informatiques à leurs étudiants et reçoivent des financements de la part d’entreprises, organisent des cours en petits groupes et encouragent plus que vivement leurs étudiants à participer à des associations et à tout le bazar. Ce dernier point est même au coeur de la stratégie pédagogique de HEC Paris (voir cet excellent article de quelqu’un qui a pris la peine d’y mettre les pieds).

Il est presque fatal, depuis que The Guardian a lancé la mode avec un article sur les Français débarquant en masse au Royaume-Uni, que toute la question des expatriés deviennent, d’une façon ou d’une autre, une comparaison cinglante entre la France et les pays anglo-saxons. Cela témoigne au moins d’un point important : nous accordons aujourd’hui, en France, une grande légitimité à ce qui vient de l’étranger, suivant le principe que l’herbe y est forcément plus verte. En soi, rien de nouveau sous le soleil : il fut un tant où les enfants de l’aristocratie partaient faire de grands voyages dans toute l’Europe, et spécialement en Italie, pour parfaire leur formation de gentilhomme. Pratique toujours courante si l’on en croit Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot ou Anne-Catherine Wagner. Ce point suggère une question à approfondir : on sait que le mouvement de mondialisation en lui-même est ancien (on peut le faire remonter au XIXe siècle au minimum, certains auteurs allant même plus loin dans le passé), qu’en est-il des pratiques que nous voyons aujourd’hui comme des nouveautés ? J’en parlerais sans doute une fois prochaine.

S’ouvrir au monde… entre Français !

Ce premier départ décrit par le reportage prend sa logique dans la valeur prêtée à l’expérience à l’étranger. Même si, comme le souligne justement le reportage, il peut y avoir quelques difficultés au retour, les anciens élèves d’HEC Montréal n’ayant peut être pas les mêmes possibilités que ceux d’HEC Paris (il aurait cependant été bon de comparer aussi avec des écoles de commerce plus modestes), ils disposent d’un point d’appui pour transformer leur parcours en « success story ». Face à un employeur, plutôt que d’expliquer qu’ils ont fuit les deux années de classe préparatoire, ils pourront essayer de mettre en avant leur connaissance de l’étranger, leurs capacités d’adaptation, etc. déjà valorisées par leur interlocuteur.

Reste les deux autres parcours suivis : celui d’un étudiant vétérinaire et celui d’une étudiante en médecine (et de quelques autres de ses compères), le premier en Belgique, la seconde en Roumanie. Les deux sont partis pour contourner le numerus clausus, cette limitation du nombre d’inscrits dans leur discipline respective, en capitalisant sur l’équivalence des diplômes en Europe. Il est étonnant de voir combien ces « free movers » ont peu de liberté. Car pour l’un comme pour l’autre se pose ce même problème : celui du retour en France. Il en va de même d’ailleurs pour la jeune fille inscrite à HEC Montreal pour qui la question du retour se pose déjà alors qu’elle commence à peine ses études.

Il faut se poser cette question : dans quoi sont engagés ces « free movers » ? Dans quel type de carrière ? Si on considère le vétérinaire ou le médecin, la réponse est relativement simple : l’un comme l’autre sont engagés dans des carrières françaises. Bien que faisant une partie de leurs études à l’étranger, leur progression est guidé par un horizon français. Rester en Roumanie ?

C’est difficilement envisageable. Il faudrait accepter d’être éloigné de sa famille et de ses proches. Il faudrait également accepter les conditions de vie et de rémunération roumaine. Il faudrait enfin s’acculturer relativement aux façons de faire roumaines. Rien de tout cela n’est impossible, mais voilà autant d’obstacles à la pleine liberté de nos « free movers ». Il est notable que, dans le reportage, on voit des Français qui, en Roumanie, se fréquentent surtout entre eux. Comme ils envisagent de repartir à assez court terme, ils n’ont pas à chercher à tisser quelques liens avec des Roumains, ils n’ont pas à chercher à s’intégrer à ce pays.

Ils restent donc libres de repartir, mais uniquement vers la France. Cela parce qu’ils n’ont jamais véritablement quitté ce pays. Et ce d’autant plus que le grand nombre d’étudiants français adoptant une telle stratégie leur permet de se mouvoir dans une « communauté française » relativement homogène.

L’étudiant « free mover », un touriste comme un autre

Que décrivent alors ces parcours de « free movers » ? Certainement pas un rétrécissement du monde où les individus seraient devenus plus libres de circuler comme le voudrait certaines présentations de la mondialisation. Encore moins la formidable saga de quelques aventuriers partis chercher fortune par delà les mers. Plus simplement, on peut y voir des utilisations bien circonstanciées et limitées du départ vers l’étranger. Et qui doivent se rapporter, chacune à sa façon, à ce qui se passe en France : que ce soit par la légitimité accordée au « global » et au « mondial » ou à l’institutionnalisation de certaines pratiques – laisser les médecins français aller se former en Roumanie n’est jamais qu’un moyen de privatiser en douce les études de médecines sans avoir à remettre en cause les institutions françaises.

Il y a donc une contradiction flagrante dans le terme choisis pour désigner ces étudiants. D’une part, leur mobilité n’est pas si grande que cela. D’autre part, si effectivement ils se placent hors de l’échange universitaire classique, leurs parcours peuvent bel et bien être guidés par des considérations et des institutions nationales : ils demeurent alors des « Français à l’étranger », sans intention particulière de s’installer définitivement. Sans doute sont-ils plus proche de la figure du touriste, qui vient aujourd’hui pour partir demain, que de celle de l’étranger, qui vient aujourd’hui et restera demain pour reprendre une formule de Simmel. Et si le touriste étaient la figure centrale de la mondialisation ?

Billet publié initialement sur le blog Une heure de peine sous le titre Les Free movers sont-ils free (et ont-ils tout compris) ?.

Photo FlickR CC skpy ; Shinya ICHINOHE ; James Diedrick.

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http://owni.fr/2010/11/25/etudiants-%c2%abfree-movers%c2%bb-le-meilleur-de-la-mondialisation-mais-sans-letranger-mondialisation-expatriation/feed/ 1
Dépendance financière : après les retraités et si on parlait des jeunes ? http://owni.fr/2010/11/16/dependance-financiere-apres-les-retraites-et-si-on-parlait-des-jeunes/ http://owni.fr/2010/11/16/dependance-financiere-apres-les-retraites-et-si-on-parlait-des-jeunes/#comments Tue, 16 Nov 2010 09:46:24 +0000 Claire Berthelemy http://owni.fr/?p=37171 Des lycées bloqués aujourd’hui, l’Université hier et le CPE avant-hier. On continue la chronologie ou c’est suffisant ? Ces mouvements entrainent dans la rue quelques milliers de jeunes, étudiants, lycéens. Crier leur colère, leurs désillusions et leur envie de reconnaissance.

A l’heure où le 5ème risque (coût de la dépendance des personnes âgées) parait plus important que les conditions précaires dans lesquelles peuvent vivre une partie des jeunes, moi ça m’effraie. Car les années estudiantines sont sensées être nos plus belles années alors que nous vivons dans un climat de crainte face à l’avenir. Quel étudiant pourra dire que son diplôme l’amène à un boulot des plus épanouissant ? Que penser de cette galère et de cette course aux bourses, aux petits boulots pour financer ses études au détriment de ces dernières ?

Adulte plus tard car dépendant plus longtemps

L’entrée sur le marché scolaire d’une foule d’élèves dans les années 80, l’objectif d’emmener 80% d’une classe d’âge au bac [1] (et non 80% de réussite au bac !), l’allongement de la scolarité depuis les années 1960, le contexte économique difficile qui ne date pas d’hier et les craintes de la « jeunesse » de ne pas trouver de travail à la sortie de leurs études amène à une redéfinition de la question « qui sont les jeunes aujourd’hui ? ».

Tout d’abord, ils sont plus vieux que ceux d’hier, vision purement logique du problème, on assiste à une désynchronisation et à un report des seuils d’entrée dans l’âge adulte [2]. Être adulte aux yeux de toute une société, c’est pouvoir s’assumer matériellement. Or, les jeunes subissent une double dépendance : étatique et familiale. S’en débarrasser pour être un adulte à part entière, respecté en tant que tel, maitre de ses décisions et libre de ses choix personnels (sans parler de la dimension psychologique) relève du parcours du combattant.

Alors pourquoi parcours du combattant ? D’une part, les aides de l’Etat sont indexés sur la situation familiale, par le biais entre autres des bourses et des allocations jusqu’à 20 ans. Quid des étudiants en rupture avec leur parent ou dont le lien est fragile, à tel point que demander une aide financière devient en soit difficile ? De ce point de vue, le jeune « presqu’adulte » est considéré comme dépendant. Mais de l’autre, l’Etat verse directement une allocation logement aux étudiants, conditionnée par le montant de leurs propres ressources. Ici en revanche, il est adulte. Un âge mais deux définitions.

Logement : rester l’enfant ou risquer l’indépendance

De plus la majeure partie des frais de scolarité (à titre indicatif, plus de 400 euros pour un master, avec la Sécurité Sociale), et parfois des frais annexes, incombent à la famille et obligent soit à rester au domicile parental (où le jeune demeure « l’enfant»), soit une dépendance financière au niveau du logement (le jeune est un adulte infantilisé par nécessité). Ici encore, l’étudiant est assis entre deux chaises, position somme toute assez inconfortable.

Il y a « tension entre la volonté de suivre la norme de l’indépendance du jeune adulte et la nécessité d’être pris en charge financièrement pour pallier au manque de ressources nécessaire à une indépendance totale [3]».

Alors certes l’accès à l’indépendance par la décohabitation se retrouve dans les milieux aisés. En revanche dans les milieux les plus modestes, partir de chez soi implique un travail salarié à côté des études. Même pas la peine pour les BTS et IUT ! Quant à la fac, le travail en dehors reste encore vecteur d’abandon, et ce dès la première année… On peut aussi tout abandonner et faire œuvre d’une « sortie précoce sans filets [4]», trouver un travail qui ne correspondait pas à nos idéaux premiers. Je ne parle bien sûr pas de « devenir princesse »… c’est pas le même type d’idéal.

Alors ces jeunes, là dans la rue, se rendent-ils compte du décalage entre leurs désirs (hétéro-normés ça va de soi !) et les possibilités réelles. Non ?

(le titre est une citation de Louis Gruel et Claude Grignon, à retrouver dans l’enquête de l’Observatoire de la Vie Etudiante de 1999)

[Mise à jour le 21 octobre]: à lire cette semaine dans la presse: l’excellent dossier desInrockuptibles n°777 « Le président anti-jeunes » et Libération du 21 octobre « Jeunes. Pourquoi ils se révoltent »
[1] Je vous conseille l’excellent livre de Stéphane Beaud 80% au bac et après, les enfants de la démocratisation scolaire , Editions La Decouverte, 2003
[2] Olivier Galland, Un nouvel âge de la vie, Revue française de Sociologie, 1990
[3] Cecile Van de Velde, La dépendance familiale des jeunes adultes en France. Traitement politique et enjeux normatifs, ouvrage collectif, Serge Paugam, Repenser la solidarité, l’apport des sciences sociales, Paris, PUF, coll. Le lien social, 2007.
[4] Michel Bozon et Catherine Villeneuve-Gokalp, 1995, L’art et la manière de quitter ses parents, Populations et Sociétés, n.297.

Article publié initialement sur le blog Regardailleurs sous le titre : « Devenir étudiant, c’est presque toujours, devenir économiquement assisté ».

FlickR CC Antoine Walter ; Valco.

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L’Université de New-York supprime des matières http://owni.fr/2010/10/11/luniversite-de-new-york-supprime-des-matieres/ http://owni.fr/2010/10/11/luniversite-de-new-york-supprime-des-matieres/#comments Mon, 11 Oct 2010 16:45:31 +0000 Isabelle Delannoy http://owni.fr/?p=31127 Le week-end dernier, les professeurs et étudiants de l’université de l’État de New York (université publique, la SUNY) appartenant aux départements des langues classiques, de langue et littérature française, italienne, russe et de théâtre ont appris que leurs disciplines allaient être tout simplement supprimées. C’est en fin de semaine, vendredi tard dans l’après-midi (traduisez : quand il n’y a plus personne) et sans prévenir que le président de l’université, George M. Philip, l’a annoncé lors d’une réunion. Certains des professeurs concernés, qui se détendaient tranquillement pendant la pause dominicale l’ont même appris par des amis habitant à Paris ! C’est en effet un étudiant qui a fait fuité la nouvelle ainsi que l’intégralité de la lettre du Président à ses collègues à la télé CBS6.

Motif ? C’est la crise (et là, vous et moi commençons à nous sentir un peu concernés) : l’état de New-York réduit ses budgets et l’Université semble en première ligne : 39 millions de dollars sucrés en 2 ans.

Sombre logique économique…

Alors le Président a finalement décidé de tailler dans le vif et de supprimer ces départements, ne laissant plus en langue étrangère d’origine européenne que l’espagnol. Après tout c’était arrivé avec le département de langue et littérature allemandes en 1992, pour la même raison : restriction budgétaire. Certains professeurs ont bien espéré que cela reviendrait, mais bon…. Ils attendent toujours.

Pourtant, ça peut être utile l’allemand. Pas seulement pour les échanges industriels, simplement pour saisir des choses, comme des trucs culturels. Vous voyez Faust, Goethe tout ça… Pour réaliser la dimension faustienne à laquelle notre civilisation est arrivée, avoir lu Goethe, ça donne des idées. Et quand on est ingénieur par exemple, ou biochimiste, ou encore qu’on vous enseigne la manipulation de l’ADN, avoir lu Faust c’est pas mal. Ca donne du recul… De la même façon, Les littératures, grecques, latines françaises et russes ne sont pas n’importe quelles littératures. Elles ont eu un rôle dans l’histoire et ont contribué à fonder des valeurs et un imaginaire commun à de nombreuses nations.

Créativité et transdisciplinarité

A SUNY, Ce sont bien ces matières transversales qui sont supprimées. Des matières qui ouvrent l’esprit à notre histoire collective, mais aussi à d’autres cultures, à d’autres visions du monde, à d’autres  peuples… La créativité et le recul sur sa propre activité se nichent justement là où on ne les attend pas, dans la rencontre avec l’autre, avec l’inconnu… La créativité se niche dans les liens et les passerelles.

Il y a quelques jours j’écrivais un article sur les indicateurs de la biodiversité au service des entreprises et j’expliquais que l’une de nos limites est justement notre potentiel créatif liée à notre amour du quantitatif, des chiffres, du simplifié. De la même façon, Jean Pierre Dupuy, un des plus grand philosophe actuel pour penser la crise, appelle dans un article publié en 2007,« du bon usage des catastrophes »,  à notre capacité à imaginer à créer des scénarios pour l’avenir afin d’offrir à la collectivité des moyens de se projeter dans l’après catastrophe pour pouvoir la surmonter… Comme il le dit lui-même, quelles matières plus fécondes que littéraires peuvent le mieux nous y projeter ?

Notre potentiel créatif ne se niche plus dans la technique et le dialogue avec ses seuls pairs. Il se développe dans la trans-disciplinarité. Et parce que notre civilisation technique montre ses limites, l’appel aux disciplines littéraires, philosophiques sociales… est urgent et requis.

Une crise… intellectuelle ?

C’est la crise. Alors on taille. Et l’Etat de New York diminue ses budgets pour l’université….

Oui mais affronte-ton n’importe quelle crise ? L’an dernier Henry Kissinger déclarait “Never have so many transformations occurred at the same time in so many different parts of the world” en appelant à réfléchir et construire un nouvel ordre mondial.

Est-ce en rognant les budgets misant sur notre plus grand potentiel, l’intelligence de la nouvelle génération, que nous nous armons pour affronter une telle situation ? Non.

Ce qui se passe dans l’université SUNY est à l’image de ce qui peut nous arriver demain, partout : faire céder les derniers bastions de la possibilité d’une réflexion transdisciplinaire, holistique et global mettant au centre l’homme,  apprenant de son histoire, et de sa diversité. Et continuer la voie sur laquelle nous sommes lancés à pleine vitesse depuis trois siècles, la prépondérance de la  vision techniciste du monde. Et poursuivre droit dans le mur.

Des appels à conserver ces départements menacés de langues classiques, langue et littérature française, italienne, russe et de théâtre vont s’organiser et être lancés. Nous vous tiendrons au courant. Lorsqu’une université d’une telle ampleur que SUNY prend de telles décisions, elle légitime les mêmes décisions pour d’autres universités dans l’avenir, y compris les nôtres. Nous soutiendrons donc de notre côté ces appels.

> Dans l’attente et pour en savoir plus, de nombreuses réactions outre atlantique se font déjà entendre :

Sur des blogs, y compris de professeurs concernés  :

> Article initialement publié sur Eco-Echos et ecolo-info

> Crédits photos CC FlickR par Zephyrance – don’t wake me up. et Feuillu

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http://owni.fr/2010/10/11/luniversite-de-new-york-supprime-des-matieres/feed/ 1
L’hygiènisme identitaire des étudiants américains http://owni.fr/2010/05/04/l%e2%80%99hygienisme-identitaire-des-etudiants-americains/ http://owni.fr/2010/05/04/l%e2%80%99hygienisme-identitaire-des-etudiants-americains/#comments Tue, 04 May 2010 08:51:44 +0000 Yann Leroux http://owni.fr/?p=14385 Le New York Times, toujours à l’affut des nouvelles tendances du cyberespace, vient de faire une nouvelle découverte : avant d’entrer au collège, les étudiants américains prennent soin d’effacer leurs traces. La tendance est si forte qu’il s’agirait d’un nouveau rituel.

L’entrée dans les collèges américains n’est pas une chose aisée. Non seulement les études sont onéreuses, mais les parents n’hésitent pas à payer un conseiller entre 1000 et 9000 dollars pour préparer au mieux la candidature de leur enfant. Dans ce contexte, un profil Facebook qui garde en mémoire des mois ou des années de frasques peut être vécu comme un handicap.

Aussi, les étudiants changent-ils de nom. Les changements de noms jouent sur les homophonies et les calembours, par exemple Amy devient Aim E. Pour certains professeurs, le changement de nom ne suffit pas, et des sessions de “nettoyage” sont organisées avec les élèves.

Tactiques individuelles vs stratégies institutionnelles

C’est là un épisode de plus entre les tactiques individuelles et les stratégies institutionnelles. Il y aura toujours des interstices que les individus utiliseront de façon créative, même dans un espace comme l’Internet qui a la tentation panoptique dans ses gènes. Facebook avait imposé une norme : on y est sous son vrai nom, alors que la culture de l’Internet était celle du pseudonyme, voire de la tromperie. Avec ces jeux sur le nom, on en reviendrait aux positions premières.

Il reste tout de même inquiétant de voir avec quelle facilité toute une classe d’âge se soumet aux impératifs d’une institution. Il est inquiétant de voir que l’État ne s’occupe pas de protéger davantage ses citoyens les plus jeunes : depuis quand d’autres critères que scolaires doivent-ils être appliqués pour prétendre entrer dans un établissement universitaire ?

L’hygiènisme identitaire des étudiants américains est une bonne illustration de la modification des systèmes de surveillance. ils deviennent si pervasifs et si intériorisés que les individus peinent à instaurer des logiques de conflit. La surveillance n’est plus présentée comme une poids mais comme quelque chose d’agréable. La servitude n’est plus volontaire : elle est désirée.

Enfin, il est difficile de ne pas remarquer que le terme “nettoyer”  (utilisé aussi dans les jeux vidéo) a des résonances sinistres dans notre histoire proche. Même sans aller jusqu’à l’horreur nazie, c’est tout de même ce terme qui est utilisé à chaque fois que des crimes de guerre ont été commis : au Vietnam, en Algérie, en Bosnie, au Rwanda… L’idéal hygiéniste appliqué à l’identité d’une personne ou d’un groupe n’a jamais donné de bons résultats.

Sur la société de surveillance… ou de discrimination qui est en train de se mettre en place, l’article de Jean-Marc Manach est à lire : on y verra que la mobilité a laquelle nous donnons tant de valeur est le signe certain de notre soumission aux surveillances dont nous sommes l’objet.

Billet initialement sur Psy et geek ;-)

Photo Fluttergirl

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Des étudiants face à la presse http://owni.fr/2010/04/15/des-etudiants-face-a-la-presse/ http://owni.fr/2010/04/15/des-etudiants-face-a-la-presse/#comments Thu, 15 Apr 2010 10:16:34 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=12379 Un sondage réalisé auprès de 150 étudiants en communication permet de se faire une idée de leurs habitudes de lecture de la presse. Et d’en tirer une analyse et des conclusions utiles pour l’avenir …

Quand la question se pose d’analyser les comportements de lecture de la presse par les étudiants, on se retrouve souvent confronté à une série de lieux communs tendant à faire penser que la presse écrite souffre chez eux d’une totale désaffection. Un questionnaire adressé à des étudiants en communication âgés de 18 à 25 ans (Paris et province) tend à remettre en cause certaines idées reçues.

La presse traditionnelle, papier, souffre à leurs yeux de faiblesses structurelles. La montée en puissance de la presse magazine porte clairement atteinte à la PQN mais surtout à la PQR. Internet et l’avènement des gratuits mettent en général le coup de grâce à ces médias « old-fashion ».

État des lieux :

Tout d’abord, il convient de remarquer que la vente par tiers ou la mise à disposition est légion dans nombre de grandes écoles. Les titres représentés sont majoritairement Le Monde, Les Echos et Le Figaro, compte non tenu d’un ou deux titres gratuits. Il est donc normal que ces trois titres soient parmi les plus lus.

Cependant, la presse régionale est majoritairement laissée de côté. Ouest France, La NR et l’ensemble des autres titres régionaux y compris Le Parisien sont en perte de lectorat et ne sont lus que par 10,4 % des sondés. Serait-elle trop vieillissante, trop peu adaptée à la cible en dépit de ses nouveaux formats, de son nouveau traitement de l’info ? En format papier, elle n’est que fort peu lue face à la presse quotidienne nationale qui l’est par 57,1 % des étudiants.

La presse magazine, parfois people, parfois professionnelle, parfois économique, se lit à proportion égale de la presse gratuite. Le traitement de l’information et la gratuité des 20 minutes, Métro, Direct Soir emporte l’adhésion de la cible parfois au faible pouvoir d’achat et voulant avoir accès à des « brèves » (pour ce qui concerne les gratuits) ; le temps de la réflexion en synthèse hebdomadaire se pose avec la presse magazine. Deux usages de lecture différents pour des appréhensions contextuelles convergentes.

Cependant, la donnée économique est contrebalancée par les magazines, plus chers certes mais plus denses en informations et au contexte de consommation très différent. Si les étudiants en communication la privilégient, c’est avant tout pour avoir accès aux news de leur secteur professionnel, ou se détendre, reconnaissent-ils, avec l’info « sans intérêt » de la presse people. La détente s’avère donc essentielle lorsque cette même cible sondée met en avant la presse féminine ou masculine en privilégiant les titres récemment apparus sur le marché (Grazia, Be, GQ) ou la presse people, s’accordant ainsi aux plus gros lectorats de la presse écrite (Public, Closer…).

Toutes les personnes sondées lisent au moins un titre par semaine. Tout n’est pas perdu ! En revanche, la fréquence de lecture pose beaucoup plus de question : 39 % des étudiants, 39 % seulement… lisent la presse tous les jours… manque de temps ? d’argent ? d’envie ? 51,9 % la lise 2 à 3 fois par semaine et 11,7 % occasionnellement. Il reste des clients à conquérir… mais peut-être faudra-t-il à la presse écrite s’adapter à ces cibles zappant d’un support à l’autre avec autant d’aisance que d’un JT à l’autre !

Dans le même ordre d’idée, le nombre de supports de presse lus varie peu : seuls 23,7 % des étudiants lisent plus de quatre journaux ou magazines quand 17,1 % n’en lisent qu’un par semaine. Ces chiffres pourraient révéler des réalités disparates : manque de diversité dans le traitement de l’actu ? manque de connaissance des positionnements sociaux ou politiques des journaux ? L’info serait-elle finalement plus consommée que lue ? La réponse tient aussi en ceci que, encore une fois, la vente par tiers dans les écoles, les universités, « orientent » les choix de titres lus. Il faut aussi envisager le fait que, pour les plus jeunes des sondés, le modèle de la presse traditionnelle reste peu valorisant, nous allons y venir.

Quels titres « papier » sont lus ?

On pourrait s’attendre à ce que seule la presse gratuite soit lue, mais la réalité est en fait tout autre. Fort heureusement pour la PQN. Les titres les plus lus (la question était ouverte pour ne pas orienter les choix) sont finalement en accord avec les tirages nationaux : Le Figaro, Le Monde pour les payants. 20 minutes et Métro pour la PG. Derrière ces « têtes de gondole » de l’information suivent Libération et Les Echos. Des titres au final assez généralistes. En revanche, la presse satirique ne semble guère trouver grâce aux yeux estudiantins : Le Canard enchaîné, Charlie Hebdo sont très peu cités. Quant à Siné Hebdo, qui disparaîtra des kiosques le 28 avril prochain, nul étudiant ne le cite. Aucun titre de PQR n’apparaît dans les 10 premiers choix des sondés.

La presse magazine est essentiellement représentée par les News : L’Express arrive en tête, suivi du Point et de Capital, Stratégies ou encore L’Expansion. Les magazines mode ou people sont évidemment très largement représentés sur un cible très consommatrice de loisirs.

Info en ligne :

Les comportements des étudiants sondés face à la presse en ligne sont également révélateurs d’un confort de lecture et de l’apparition des nouveaux supports dans leur espace d’information.

Les sites les plus consultés sont identiques aux supports traditionnels : ils savent quelle info ils vont y trouver. lemonde.fr et lefigaro.fr se disputent le nombre de pages vues bien que lemonde.fr domine largement (6 fois plus de connexions sur ce site que sur lefigaro.fr). Suivent en ordre : lequipe.fr, tempsreel.nouvelobs.com, 20minutes.fr, leparisien.fr (privilégié en ligne plutôt que sur papier).

En revanche, Rue 89 se place juste après lemonde.fr et juste avant…. Google Reader et Google Actu considérés par nombre d’étudiants comme un support d’information à part entière !

De fait, il apparait que cette cible sondée d’étudiants en communication associent leur sélection de médias à une time-line considérée comme un support d’information à part entière. Le web permet de se fabriquer son propre média. Le double suivi des sites d’information et de Google donne de l’info une potentielle double lecture : l’article en développé et le mode « brève » suffisant en consultation ponctuelle. Se faire son propre média semble pour 10 % des sondés une évolution majeure dans la consultation de l’actu on-line.

Cependant, sur Facebook, ces étudiants sont très peu adeptes de groupes de « fan » des supports de presse écrite ou on-line. Seuls 7,9 % d’entre-eux appartiennent à ces groupes revendiquant un suivi de tel ou tel titre. En dehors d’Owni cité par quelques étudiants, ce sont essentiellement des titres féminins (Grazia, Be) qui sont suivis. Les sites d’info (Le Figaro, Libé) sont très peu suivis. On tend à suivre sur FB les sites spécifiquement web : Owni, donc, ou minutebuzz … entre autres.

La presse papier et leurs déclinaisons web n’ont-ils pas encore réussi à séduire les 18 / 25 ans ? Il faut dire que le print pilote encore le web ! Pour ce qui concerne les étudiants interrogés, les titres identitaires sont très lus. CB news ou Stratégies, Capital ou Management emportent en général l’adhésion. Les titres affinitaires (mode, style, design, télé, etc.) le sont au moins autant voire plus, suivant les répondant. Un quart des étudiants ayant répondu à cette étude lisent tout autant la presse identitaire que l’affinitaire. La presse magazine confirme donc son embellie, d’autant plus avec le taux de reprise en main.

Presse écrite : les constats

Depuis la fin des années 1960, les quotidiens régionaux français subissent une érosion progressive mais continue de leur lectorat. La « crise » subie par la PQR se manifeste aussi par un vieillissement et une grande difficulté de renouvellement des lecteurs. Si en 2006, 26,8% des 15-34 ans lisaient un quotidien régional, (Lecteurs numéro moyen 2006. TNS Sofres, EPIQ – Etude de la presse d’information quotidienne, Audience 2006), les chiffres semblent à la baisse sur cette catégorie d’étudiants, nous l’avons vu.

L’état de grâce de la presse régionale semble pour cette cible de jeunes lecteurs définitivement passée. Outre le fait que 20 % ne reprochent strictement rien à la presse écrite, le concert des voix concordantes se fait entendre sur nombre de points parfois curieux mais très révélateurs de ce que les chiffres précédents révélaient.

Il est reproché à la presse écrite d’être trop partiale. Le parti-pris lui est souvent opposé alors que serait préférée l’impartialité. Cependant, les titres les plus lus, Le Monde et Le Figaro sont très clairement politisés. Cela tend à montrer que les étudiants souhaitent un traitement écrit de l’info différent de l’info vue à la télé, voire un traitement complémentaire. Cette complémentarité des supports paraît de plus en plus concrète.

Les articles sont parfois trop longs, évoquent-ils aussi, ce qui est confirmé par le fait que, parmi eux, 10 % se fabriquent leur média avec Google Reader où le format « brève » leur convient et l’accès à une info multi-canal leur permet, au final, de se faire leur point de vue. Pour aller dans le même sens, les étudiants interrogés trouvent la presse écrite ennuyeuse, manquant d’interaction (logique !), et surtout… on trouve cette presse trop formatée !

Parmi les autres reproches, le coût de la presse écrite est très majoritairement évoqué. L’augmentation constante du prix du papier contribue aussi à faire perdre des lecteurs à cette presse traditionnelle au profit de la lecture de l’info sur écran. Et enfin, reproche fréquent dans l’ensemble de la population mais cette fois mis en exergue par des étudiants en communication : la presse écrite contient trop de pub !

Presse on-line : Pourquoi ?

On sait cette génération hyper-connectée, cependant, cette hyper-connexion doit être relativisée. La consommation d’info sur papier reste très usuelle pour les magazines et les gratuits et grâce aux vente par tiers.

Tout d’abord, première évidence, la presse on-line est gratuite, essentiellement, en dehors des archives, et facile d’accès notamment via les applications I-Phone, ce qui emporte largement l’adhésion auprès de la cible du sondage. Mais ce qui trouve grâce à leurs yeux tient à l’actualisation en temps réel de l’actualité et au support vidéo.

La culture de l’image ne se dénie donc pas. Elle devient un support d’information essentiel. Dans la mesure où la lecture de l’image est pertinente… La possibilité d’interagir avec les autres internautes est aussi un point majeur relevé ; l’avis citoyen doit être donné, visiblement. D’autres privilégient le fait de rester en contact constant avec l’actu en axant la consultation des flux d’infos sur leur mobile : alertes SMS, applications I-Phone ou lecture des newsletters favorisent l’accès à l’info de n’importe où. Il leur faut donc une actu réactive, actualisée et non pas simplement une info.

Une génération hyper-connectée ne se contente pas de lire le journal. Elle veut que l’actualité vive, parfois aux dépens du temps d’analyse que peut se permettre la presse écrite ou les dossiers on-line… Mais cette actualisation en temps réel de la société dans laquelle ils vivent montre un réel intérêt pour la res-publica au sens noble de la chose. La chose publique ne les désintéresse pas, bien loin s’en faut. Contrairement à ce que les idées reçues pouvaient, dans le bon (mauvais ?) sens populaire, parfois laisser entendre.

Enfin, les consciences citoyennes ne sont pas oubliées… Nombre d’étudiants reconnaissent que la dématérialisation est essentielle, tout comme l’aspect écologique de cette presse on-line. Loin d’être anecdotique, cette dominante verte semble prendre un poids de plus en plus important dans leurs choix de consommation de l’info. La période des abonnements à plusieurs titres papier semble de plus en plus révolue. La presse on-line a également ceci d’avantageux qu’elle suppose la suppression des transports, qu’elle ne soulève plus la question du traitement des déchets, qu’elle permet des économies d’eau et d’énergie, etc.

Si la consommation de presse écrite est loin d’être démentie, ces chiffres sont donc à relativiser en fonction des vente par tiers dans les écoles mettant à dispositions des étudiants des titres « chers » qui peut-être ne seraient pas consommés sans cela. De plus, il est constaté que la cible tend à se fabriquer sa propre ligne d’actualité, son propre média en zappant d’une newsletter à l’autre, d’un flux RSS à l’autre ou via Google Reader, ce qui tend à montrer, une fois encore que le modèle économique de la presse on-line n’est pas encore trouvé, que la monétisation de l’info n’est pas encore gagné si l’on veut que les plus jeunes lecteurs ne s’excluent pas de la presse.

De plus, la nature du contrat de lecture semble elle aussi évoluer. Il ne se construit plus entre le lecteur et son journal en tant que support physique. La tradition n’est plus. Le journal doit en revanche trouver les moyens de fidéliser son lecteur, tant en terme d’émission que de réception de l’info, des commentaires. Chacun des internautes doit pouvoir se projeter dans son information, celle qu’il s’est fabriquée. L’information devient communautaire puisqu’elle se consulte et se diffuse dans les réseaux via Facebook ou Twitter. L’information, la presse, se doit de devenir un mélange d’info, d’événements, d’imprévisible et de prévisible. Dans la time-line informationnelle que se fabriquent nombre d’étudiants, le choix des RSS se portent assez naturellement vers ce avec quoi ils sont en affinité. Ce qui délimite là encore le champ de consultation naturelle de l’information. Ce qui cadre aussi avec leur recherche d’objectivité « subjective ». Plus d’objectivité dans le traitement de l’info leur ouvrirait probablement davantage de titres. Le contrat de lecture tient donc en ceci qu’on se fabrique le média qui doit nous surprendre en nous confortant.

Cependant, les nouveaux médias, Owni, Rue89, entre autres, semblent toujours plus tirer leur épingle du jeu en proposant un nouveau traitement de l’info, plus en accord avec la volonté de ces cibles cherchant une info précise, ciblée, actualisée et commentée, réactive.

Enfin, ces cibles étudiantes sont à la recherche d’une info rich-média. La mise en récit d’une info qui s’oriente vers le story-telling trouve grâce à leurs yeux, tout comme la mise en récit de l’image. La narration de l’information leur convient plus que la simple factualisation ou la description explicative.

Cela implique que texte, images (illustrative ou démonstrative), vidéo et contenus sonores soient envisagés globalement. Les registres classiques image et texte n’ont plus voix au chapitre sous leur forme traditionnelle. On focalise l’attention sur un détail, sur différents niveaux de lecture(s) interagissant, on personnalise toujours plus l’information. Elle devient donc de plus en plus émotionnelle et interactive. L’empathie entre le média et le lecteur doit être visible, et l’expérience doit être durable entre le lecteur et le support lu ou consulté.

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> Article initialement publié sur Com’Des Mots

> (Sondage on-line réalisé du 19 au 30 mars 2010 sur 150 étudiants en école de communication, de 18 à 25 ans, Paris et Province.)

> Illustrations: Flickr CC : Ol.v!er [H2vPk], HapH , somebaudy& Screenshots : lemonde.fr, rue89 (12 avril 2010)

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Journalistes en 2010 http://owni.fr/2010/02/01/journalistes-en-2010/ http://owni.fr/2010/02/01/journalistes-en-2010/#comments Mon, 01 Feb 2010 15:33:03 +0000 Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=7499 Cliquer ici pour voir la vidéo.

Que sera le journalisme en 2010 ? Dans quel écosystème s’intégrera-t-il ? Quel sera la place des journalistes en son sein ?

Toutes ces questions, les futurs journalistes interrogés par The Nation se les posent déjà. Ils tentent ici d’apporter des éléments de réponse. Si l’une considère que le journaliste de 2010 se devra de savoir tout faire, une autre considère qu’il devra se spécialiser sur un sujet, et apprendre par la suite à le diffuser au mieux.

L’importance du journalisme d’investigation est souligné par l’un des intervenants. Pour ce faire, il faut veiller à maintenir des médias indépendants.

Internet et les technologies comme le kindle et l’Ipad sont évidemment évoqués, pusiqu’ils remettent en cause la chaîne de distribution de l’information.

Pour le dernier journaliste en herbe, l’une des pistes intéressantes peut être la vidéo, notamment en cela que le format est facilement monétisable.

La conclusion est également intéressante : l’idée développée par la jeune journaliste est que l’on s’apprête à connaître un changement dans le contenu même de l’information, permettant à des minorités d’accéder au flux d’information “mainstream”, modifiant ainsi la structure de ce dernier.

Via l’observatoire des médias , @gillesbruno /-)

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